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Quand la dérision démonte les «bienfaits du colonialisme»
«Passeurs de mémoires» présente Folies coloniales au 2ème Fita
Publié dans La Tribune le 17 - 10 - 2010

à la veille de la commémoration des événements tragique du 17 octobre 1960, la compagnie française Passeurs de mémoires a présenté, dans le cadre de la 2ème édition du Festival international de théâtre d'Alger (FITA), au Théâtre national algérien (TNA), dans la soirée de vendredi dernier, un spectacle émouvant intitulé Folies coloniales, qui fait voler en éclats l'arrogance des discours passés et présents sur le rôle civilisateur et positif du colonialisme français. Sous forme d'une revue théâtrale où s'enchaînent saynètes, chansons et lecture de textes, la dizaine de comédiens présents sur les planches entraîne le public dans le tourbillon absurde et pourtant d'une amère véracité des célébrations en 1930 qui ont marqué les cents ans de la colonisation française en Algérie. Le ton de music-hall qui va marquer la représentation est donné par la présence sur scène d'un kiosque où il est écrit sur la pancarte du chapiteau Folies coloniales. Juste pour replacer les choses dans leur contexte, la définition du dictionnaire souligne : «Folie : caractère de ce qui échappe au contrôle de la raison, du bon sens ; acte déraisonnable, excessif». C'est également le ton de la mise en abîme du spectacle. En effet, avec le prétexte des célébrations du centenaire, la troupe passe en revue les discours de la propagande coloniale depuis 1830 jusqu'à notre époque, dont la fameuse déclaration de Brice Hortefeux en 2009. Un discours de propagande coloniale qui a trouvé différents canaux de diffusion à travers les hommes politiques et les chefs militaire de l'époque mais aussi celui de la presse, des intellectuels, de la littérature, des congrès de scientifiques et, d'une manière plus sournoise, avec le cinéma, les cartes postales, les guides touristiques pour colons et l'école de la République française. Ainsi, le spectacle commence par le cours de l'instituteur, le père Maurice, qui explique à petit Jean, le «rôle bienfaiteur de la France coloniale venue civiliser les indigènes et les atouts de la colonisation pour l'économie et la puissance de la mère patrie».Le talent de Dominique Lurcel est de pouvoir reprendre mot à mot le discours colonial de l'époque, le raconter tout en le tournant en dérision grâce à la gestuelle et au ton ironique des comédiens. Il réussit à faire passer allégrement les spectateurs de l'effarement qui glace le sang à l'humour corrosif lorsque des grands noms de la civilisation française choquent aujourd'hui par leurs propos, à l'instar de Jules Ferry qui déclare que «les races supérieures ont le droit de coloniser les races inférieures» ou de Guy de Maupassant qui compare la femme indigène à une bête de compagnie. Mais la dureté de ces propos suintants de racisme bête est contrebalancée par la légèreté du jeu des comédiens qui avec une gestuelle souvent burlesque transposent ces textes au second degré, réussissant ainsi à faire rire le public. Dans ces moments, on peut se féliciter que les Algériens qu'on traitait de «chapardeurs, de fainéants et de bêtes de somme» soient les champions de l'autodérision, car ils n'auraient pas tenu longtemps face à ces discours empreints d'une haine méprisante qui leur dénie toute humanité et même le fait d'exister en tant qu'individus à part entière.L'Algérien est dignement représenté dans la pièce par le long extrait du discours historique de Ferhat Abbas dénonçant auprès de ses pairs la politique coloniale dans un langage subtil et percutant qui annonce aussi la fin de l'euphorie coloniale. Ainsi, dans les dernières scènes, au milieu des valses des tenues de soirée du bal organisé en l'honneur du président français venu célébrer en Algérie le centenaire de la colonisation, les comédiens se figent et, tel un couperet, le burlesque cède la place au solennel pour donner la parole à Mouloud Feraoun, à travers le lecture d'un extrait de son Journal de 1955, un an après le déclenchement de la guerre de libération où il dénonce la politique aveugle et l'autisme de la France coloniale. Puis, dans une lumière feutrée est prononcée la dernière phrase de ce spectacle : «15 jours avant l'indépendance, Mouloud Feraoun est assassiné par l'OAS».A la chute du rideau, c'est un tonnerre d'applaudissements, suivi d'une standing ovation de plus d'un quart d'heure qui saluent toute la troupe émue aux larmes. Les larmes étaient aussi présentes dans les yeux de plusieurs personnes dans le public.Au final, les Passeurs de mémoires, une compagnie qui porte si bien son nom, a réussi à relevé le défi de dévoiler la folie de la France coloniale que son aveuglement a menée jusqu'à la perte du sens profond de ses principes républicains, où la perception de la fraternité, de la liberté et de l'égalité a cédé la place à la folie des hommes en perte d'humanité. Aujourd'hui, le devoir de mémoire devient une priorité, non seulement
pour cicatriser une blessure encore béante, dont certains nostalgiques de cette France révolue veulent raviver les douleurs, mais aussi pour construire un avenir où de telles folies seront bannies à jamais.
S. A.


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