De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani Jeudi dernier vers une heure du matin, une cinquantaine d'individus armés de gourdins, de barres de fer et de couteaux ont pris d'assaut le siège de la mouhafadha situé sur le cours de la Révolution, en plein centre-ville d'Annaba. Ces derniers, menés par le sénateur-mouhafadh Zitouni, ont tenté de pénétrer à l'intérieur pour y déloger les «redresseurs» installés depuis près d'une semaine après l'avoir occupé par le même procédé. Ce coup de force des partisans du mouhafadh déchu s'est heurté à la résistance farouche des redresseurs qui campaient à l'intérieur du siège de la mouhafadha. S'ensuivit alors une bataille rangée ; les gourdins sont entrés en action et, selon nos informations, des bombes lacrymogènes auraient même été utilisées. Selon le président de l'APC d'El Hadjar, chef de file du mouvement des nouveaux redresseurs, et des témoignages concordants, le sénateur-mouhafadh portant son arme était à la tête des assaillants et les exhortait à prendre par la force le siège de cette structure du parti. L'arrivée des forces de l'ordre sur les lieux, en présence du chef de sûreté de wilaya vers 1h30 du matin, a été salvatrice pour les uns comme pour les autres puisqu'aucune des deux parties ne voulait lâcher prise, la tension continuant à monter. Ce n'est que vers 2 heures du matin que le calme revint et que les partisans du sénateur se retirèrent non sans promettre d'y revenir. Bilan des affrontements : huit blessés parmi les «résistants» et cinq arrestations dans les rangs des assaillants.Jeudi matin, nous avons constaté que la porte d'entrée du siège avait été fracturée et les vitres brisées ; à l'intérieur deux militants blessés étaient étendus sur des matelas dans le hall, d'autres étaient debout et menaçaient de se venger à la première occasion. Hier vendredi dernier, deux fourgons de la police étaient stationnés à une cinquantaine de mètres du siège de la mouhafadha et des policiers de l'unité d'intervention étaient déployés sur le cours de la Révolution, les autorités craignant un nouvel affrontement entre militants des deux camps adverses.Apparemment, le dénouement de la crise qui secoue le FLN à Annaba n'est pas pour demain, et ce jeu malsain qui consacre l'affrontement entre militants du même bord pour contrôler une structure du parti prouve que le dialogue, la concertation et la force de l'argument n'ont plus droit de cité au sein de la formation de Belkhadem, du moins au niveau de ses structures dans cette wilaya de l'Est. Ce qui est très grave pour un parti politique censé militer pacifiquement en mettant en avant ses principes basés sur la compréhension mutuelle, la tolérance et la force de persuasion pour convaincre et accéder au pouvoir.Si, au sein de cette formation politique, le dialogue est absent, les oppositions sont réprimées par l'exclusion, la fronde et la révolte ne sont pas loin, la scission et la sédition lamineront ses rangs. Ce qui se passe aujourd'hui dans les structures du FLN, que ce soit à Tiaret, à El Tarf, à El Oued, à Constantine ou à Guelma montre qu'il y a un mouvement coordonné qui commence à s'étendre et qui se renforce de jour en jour sans que la direction politique du FLN n'intervienne pour rappeler à l'ordre ses militants devenus incontrôlables. Toujours est-il que les nouveaux redresseurs ont dépêché à Alger onze présidents d'APC (Annaba en compte douze) adhérant au mouvement pour expliquer au secrétaire général du FLN, M. Belkhadem, les doléances des militants de Annaba et les raisons qui les ont poussés à prendre d'assaut le siège de la mouhafadha.