Photo : Zoheir De notre envoyé spécial à Tlemcen Ziad Abdelhadi Dans la wilaya de Tlemcen comme dans d'autres de l'ouest du pays qui accusent depuis deux décades un déséquilibre entre les volumes d'eau conventionnels mobilisés et les besoins réels en la matière, un ajout supplémentaire comme celui que vont procurer les deux stations de dessalement de Honaïne et de Souk Tleta, 200 000 mètres cubes par jour chacune, n'en est pas moins un début de solution à la crise. Il faut aussi souligner que, devant ce déséquilibre, l'une des préoccupations constantes des pouvoirs publics a été de s'efforcer de résoudre l'épineuse équation entre les ressources en eau et la satisfaction des besoins en eau de la population, de l'industrie et de l'irrigation. En d'autres termes, diminuer la concurrence sur les ressources hydriques car elle n'a cessé d'augmenter ces dernières années entre les différents secteurs gros utilisateurs, à savoir l'agriculture, l'alimentation en eau potable des populations et, enfin, le secteur de l'industrie. Mais dans cette concurrence, c'est le secteur de l'agriculture qui en a le plus souffert car il fallait bien donner la priorité à l'AEP des populations. Dès lors, les pouvoirs publics ont compris que l'agriculture a aussi son importance, elle devait donc recevoir son ratio nécessaire et indispensable. Mais comment y arriver avec des ressources conventionnelles en eau potentiellement limitées ? C'est ce qui a longtemps préoccupé les pouvoirs publics. Faute d'autres choix : il ne restait plus qu'à se tourner vers le dessalement de l'eau de mer. Un choix d'autant plus judicieux dans l'ouest du pays où le déficit hydrique est une réalité de terrain pérenne. Il faut dire aussi que, par les volumes d'eau produits à partir des stations de dessalement de l'eau de mer et destinés à l'AEP, les eaux mobilisées dans les barrages seront davantage réservées à l'agriculture. Un secteur qui, rappelons-le a été soumis à une mort lente. Des centaines d'hectares n'ont rien produit par insuffisance des eaux destinées à l'irrigation. «Le déficit important en irrigation étant dû à la réduction tendancielle des ressources en eau affectées à l'irrigation, conséquence à la fois de la priorité accordée à l'alimentation en eau potable des populations locales», nous a expliqué un responsable des services hydrauliques de la wilaya de Tlemcen. Les agriculteurs de la plaine de Maghnia reprennent espoir Pour vérifier cette carence, nous nous sommes rendus dans la plaine agricole de Maghnia. Une fois sur place, nous nous sommes vite rendu compte que c'était bien là un cas des plus édifiants qu'il nous a été permis de constater. La plaine agricole de Maghnia a connu, en effet, un triste sort. Celui de se retrouver abandonnée par nombre de ses exploitants à cause de restrictions importantes en volume et répétées d'irrigation. Seuls quelques irréductibles ont continué de temps à autre à mener un semblant d'activité pour satisfaire leurs besoins de consommation en légumes, le rare surplus étant écoulé sur la place publique. Un des plus anciens agriculteurs nous dira lors de notre passage dans cette contrée : «Il est loin le temps où la production locale faisait notre réputation. Et de préciser : «Le périmètre irrigué de Maghnia a construit sa réputation du fait de la qualité de ses produits végétaux et des rendements atteints à l'époque.» Et de poursuivre : «Aujourd'hui, que reste-t-il ? Seulement des souvenirs mais nous, les fellahs de la région, nous continuons à croire que l'activité va reprendre si nous disposons des volumes d'eau d'irrigation nécessaire. C'est en tout cas ce qu'on nous a promis depuis notre dernière réunion au niveau de la DSA. Nous en sommes d'ailleurs sortis pleins d'espoir dès lors qu'un volume important d'eau mobilisé dans le barrage de Beni Badel va être réservé aux besoins de l'irrigation du périmètre agricole de la wilaya.» Du côté de la DSA, on est aussi optimiste. «La prochaine entrée en service des stations de dessalement de Honaïne et de Souk Tleta va avoir un impact positif sur le secteur agricole local dans le sens que la problématique de l'eau d'irrigation nécessaire à nos périmètres agricoles va être résolue», nous ont indiqué des cadres des services agricoles de la wilaya de Tlemcen rencontrés lors de notre passage. Nos interlocuteurs, agronomes de profession, nous ont indiqué que la wilaya de Tlemcen accuse un grand déficit pluviométrique et l'irrigation est donc impérative si l'on veut mener une activité agricole. Et d'expliquer : «C'est pourquoi la nécessité de compenser l'insuffisance des précipitations par l'irrigation devient un choix inévitable.» Autre indication avancée par notre interlocuteur : «L'impossibilité de disposer de l'eau d'irrigation en temps opportun, particulièrement au démarrage de la campagne agricole, a un effet sur les rendements des cultures. Le recours à l'irrigation s'avère donc plus que jamais incontournable pour augmenter la production et stabiliser la production.» Soulignons enfin que la sécheresse qui a sévi dans le pays a rendu difficile l'irrigation des terres agricoles à partir des grands barrages au point que le taux de satisfaction moyen n'a pas dépassé les 40% et, pour le détail, des périmètres entiers ont connu un taux bien inférieur alors qu'ils offrent des potentialités agricoles certaines. C'est pourquoi aujourd'hui on peut dire que le dessalement de l'eau de mer va permettre non seulement de sécuriser les besoins en AEP des populations mais aussi d'intensifier la production végétale, soit une plus grande participation à la sécurité alimentaire.