«La diplomatie algérienne ne réagit pas en dehors des institutions qui sont responsables de la gestion de ses relations avec les voisins, avec le Maroc en particulier», a déclaré M. Medelci, invité de la radio Chaîne III, qui était interrogé sur les récentes manifestations marocaines à la frontière avec l'Algérie. «Nous avons en Algérie une situation de très grande sérénité sur cette question-là [conflit entre le Maroc et le Front Polisario], parce que nous défendons les Sahraouis comme nous avions défendu, par principe, il y a plusieurs années, Timor-Leste», a-t-il rappelé. Il a relevé que devant ces «attitudes» (provocations), les échos qu'il a eus personnellement, à l'occasion de rencontres internationales, «indiquent bien que la position sage de l'Algérie est appréciée». «Nous ne répondons pas à la provocation. Ceci ne signifie pas que nous n'avons pas la possibilité de faire passer le message. Nous pouvons le faire sans avoir recours à des porteurs de banderoles», a-t-il dit. Prié de commenter les attaques contre l'Algérie, chaque fois que se déroulent des négociations entre le Maroc et le Front Polisario, et cette volonté d'impliquer l'Algérie, M. Medelci a noté que ce sont les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU et de l'Assemblée générale qui soulignent clairement que l'Algérie n'est pas partie au conflit. C'est là, a-t-il ajouté, la meilleure réponse de la communauté internationale à ce sujet. Tout en soulignant le caractère fraternel qui lie l'Algérie au Maroc au niveau responsable, il s'est cependant interrogé sur l'existence à l'intérieur du royaume marocain de «leviers qui ne sont pas forcément liés à des décisions politiques au niveau le plus élevé, mais qui participent un peu à la confusion». M. Medelci a affirmé toutefois que «rien ne séparera le peuple algérien du peuple marocain et rien n'empêchera l'Algérie de défendre ses principes qui sont universels». Pourtant, c'est une voix officielle incarnée par le ministre marocain des Affaires étrangères qui s'en prend devant le Parlement du roi à l'Algérie en des termes virulents. L'agence de presse marocaine a rapporté que le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, M. Taib Fassi Fihri, a affirmé que les tergiversations et les manœuvres du Polisario ne peuvent en aucun cas dédouaner l'Algérie de sa responsabilité entière, juridique et morale face à l'acte condamnable relatif à l'enlèvement de M. Mustapha Salma Ould Sidi Mouloud. Cette agence ajoute, citant les propos de Fihri, que «le gouvernement est profondément conscient que la situation anachronique dans les camps de Tindouf est liée, en fait, au refus de l'Algérie, en tant que pays d'accueil des populations des camps, de permettre au Haut-Commissariat réfugiés de l'ONU aux d'effectuer le recensement et l'enregistrement des populations des camps et de procéder à l'interview individuelle conformément à son mandat et en réponse à l'appel, sans équivoque, du secrétaire général de l'ONU dans son dernier rapport au Conseil de sécurité en avril 2010», a dit le ministre. Dans la même intervention devant le Parlement marocain, Fihri considère que «cette campagne futile a atteint un nouveau seuil d'agressivité, allant jusqu'à attenter, avec abjection, à nos institutions constitutionnelles sacrées, à réclamer l'imposition de ‘‘sanctions économiques'' contre notre pays, à brandir la menace du ‘‘retour à la guerre'', et à organiser une cérémonie improvisée le 12 octobre courant pour célébrer le prétendu anniversaire de la proclamation de ‘‘l'Unité nationale'', prétendant que le Polisario parle au nom de tous les habitants originaires de nos provinces du Sud et qu'ils n'ont aucun lien avec le royaume du Maroc, qui est en fait, comme tout le monde le sait, leur mère patrie passée, présente et future». Fihri conclut enfin : «Le gouvernement de Sa Majesté le roi rejette catégoriquement toutes ces méthodes abjectes qui sont par essence contraires à l'appel du Conseil de sécurité en vue de réunir le climat propice aux négociations et à y adhérer de bonne foi. Il réaffirme sa détermination à continuer de traiter ce dossier national crucial à l'échelon de l'ONU, avec sérénité, fermeté et responsabilité.» De quelles négociations parle le ministre marocain, si le Polisario ne représente pas les populations du Sahara ? Si le Maroc a décidé de façon unilatérale de la solution qu'il considère comme unique et non négociable, que va-t-il négocier avec le Polisario ? Si le Maroc revendique la marocanité du Sahara occidental, pourquoi a-t-il érigé un mur qui coupe ce territoire du nord au sud en territoire utile et en territoire inutile ? Cette partie orientale, le Polisario l'appelle «territoire libéré». Le Maroc s'embourbe dans ses contradictions et s'entête à développer un discours de fuite en avant. S'il est convaincu que les populations du Sahara occidental sont marocaines dans le passé, le présent et le futur, pourquoi ne s'épargne-t-il pas tout ce temps perdu en acceptant le principe d'un référendum afin que l'Algérie félicite le Palais royal pour la marocanité des provinces du Sud et pour que le Maghreb puisse se construire enfin pour l'intérêt de tous les peuples de la région ? A. G.