Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad Contrairement peut-être aux autres régions du pays qui ont pris connaissance du phénomène des bidonvilles avec le terrorisme au début des années 1990, plusieurs localités de la wilaya de Tizi Ouzou ont été confrontées à une sorte de migration intérieure originaire des autres régions d'Algérie venue s'installer essentiellement sur les rives et les abords de la rivière de Sébaou à la recherche d'un gagne-pain qui corresponde à leurs goût et culture. Ce phénomène faisait partie du décor de la vallée kabyle et bien installé durant les années 1970 avant de s'étendre à des communes de l'intérieur qui ont vu des familles élire domicile dans des cités désaffectées, donnant immédiatement un caractère ostentatoire à la crise du logement qui a éclaté à la figure de responsables en mal de prévision et de perspectives et coïncidant avec le déclenchement du terrorisme. Les bidonvilles poussent comme des champignons Ainsi, l'Algérie compterait près de 600 000 habitations précaires, soit environ 8% du parc global du logement recensé récemment, selon des déclarations à la radio algérienne du ministre de l'Habitat, Nourredine Moussa, dont le département «travaille à l'éradication progressive» de ce phénomène qui accentue l'aspect anarchique des constructions collectives surtout des deux dernières décennies. Et toujours selon ce responsable, 143 000 logements sont actuellement en chantier et en attente d'être réceptionnés et il explique les énormes retards par «le manque d'assiettes foncières autour des villes et par la sismicité des sols qui exige des études géotechniques précises». Dans le quinquennat en cours, plus précisément au chapitre de l'habitat qui a eu la plus importante affectation budgétaire avec près de 84 milliards de dinars, devant les travaux publics avec 72,88 milliards de dinars, les autorités de wilaya de Tizi Ouzou ont prévu un plan «pour contenir l'avancée de l'habitat précaire autour des centres urbains et dégager des solutions pour sa résorption à moyen terme», selon un cadre du secteur de l'urbanisme de Tizi Ouzou. Ces trois dernières années, un recensement de ces services a fait état de l'existence de 104 sites précaires érigés sur 138 hectares (3 612 habitations) et répartis sur presque la moitié des 67 communes de la wilaya de Tizi Ouzou. Quelque 3 000 familles y vivent dans des conditions lamentables, certaines depuis au moins une dizaines d'années. En 2007, la wilaya de Tizi Ouzou a bénéficié de deux programmes de 900 logements RHP et, l'année d'après, un programme de 1 000 logements dans le même cadre a été dégagé pour plusieurs communes touchées par l'habitat précaire et dont le nombre ne cesse d'augmenter. Beaucoup de formules et un casse-tête perdurant Durant ce plan quinquennal qui prend en compte des actions inscrites dans le précédent, l'ex- wali déclarera que celui-ci est conçu pour la réalisation de 45 000 unités avec une priorité pour l'habitat rural et l'éradication des établissements scolaires construits en préfabriqué. «Nous allons donner la priorité à la formule de l'habitat rural en raison des spécificités de la région», avait-il souligné à la même occasion. Plus explicitement : il est prévu la réalisation de 22 000 unités en habitat rural sur les 45 000 logements (toutes formules confondues), selon les statistiques de la Direction du logement et des équipements publics (DLEP) de la wilaya de Tizi Ouzou. Les logements publics locatifs (LPL) au nombre de 12 500, les logements promotionnels aidés (LPA) avec 10 000 unités et les logements d'astreinte avec 500. «Cette option pour l'habitat rural s'explique par l'engouement qu'elle suscite chez les postulants dans une région acquise traditionnellement à l'auto-construction, comme l'atteste la forte demande enregistrée en la matière», avait déclaré le DLEP de Tizi Ouzou. L'habitat précaire dans cette wilaya est localisé actuellement aux abords des rivières de Sébaou et Rebta sur la RN 12 où les habitants sont versés dans les activités d'extraction de sable et de récupération des produits en plastique mais d'autres communes sont aussi touchées par ces constructions approximatives et nécessitent une réelle prise en charge. Rappelons aussi que la semi-rocade sud de Tizi Ouzou inaugurée par le chef de l'Etat n'est toujours pas fonctionnelle à 100% parce qu'une trentaine de familles occupant un bidonville à Tazmalt El Kef attendent d'être relogées depuis 2006. Les travaux de l'échangeur ont commencé ces dernières semaines pour, enfin, faire la jonction entre la RN 12 et la rocade, tel que prévu sur le papier. Et le reste des bidonvilles ? Les verra-t-on après le quinquennat en cours ? Sans aucun doute, à voir le rythme des travaux des chantiers engagés il y a des années et la qualité de ceux livrés à la collectivité avec l'argent du Trésor public.