Le Premier ministre s'est présenté de nouveau hier devant les élus de la chambre basse du Parlement, après 26h00 de débats sur la déclaration de politique générale du gouvernement. Pour cette fois-ci, Ahmed Ouyahia n'a pas donné de réponses globales, hormis celles concernant la corruption et le développement économique. Il s'est évertué à répondre aux questions séparément. Sur le plan politique, le Premier ministre n'a pas jugé utile de revenir sur les critiques ayant trait au recul des libertés, à l'ouverture du champ médiatique et à la levée de l'état d'urgence, soulevées par nombre de députés toutes tendances confondues. Il a en revanche réservé une bonne part de son intervention au volet de la lutte contre la corruption dont il dit que certains l'utilisent comme registre de commerce politique. «A chaque fois que nous parlons de lutte contre la corruption, on nous dit que le régime est déstabilisé», en allusion aux propos des députés du RCD. «Pour votre malheur, dira-t-il, le régime est uni !» Cependant, il se montrera évasif au sujet des reproches que l'on fait souvent à la justice à propos des traitements des affaires de corruption en critiquant le fait qu'elle ne juge que des lampistes. «La justice est indépendante, elle n'a qu'à se débrouiller», lancera le Premier ministre. L'intervenant mettra en exergue toutes les mesures prises par les pouvoirs publics pour renforcer la lutte contre la corruption et la transparence dans la gestion des finances publiques. En matière de prévention, il a souligné la généralisation de la formation des gestionnaires. Il a également indiqué que les ministères seront dotés de conseils juridiques chargés de statuer sur le respect de la règlementation dans la passation des marchés publics. «Nous sommes en phase de sélection de magistrats pour les recruter dans ces institutions.» D'autre part, instruction a été donnée à l'ensemble des entreprises publiques pour qu'ils recourent aux bureaux de conseils juridiques. Il rappellera aussi la batterie de textes qui ont été promulgués pour le renforcement de la prévention et de la lutte contre la corruption. Il citera l'amendement de la loi de février 2006 relative à la prévention et à la lutte contre la corruption, la loi sur le fonctionnement de la Cour des comptes, le renforcement des prérogatives de l'Inspection générale des finances. «Et vous venez de recevoir le projet de loi relative au règlement budgétaire», dira Ouyahia. Ce texte est revendiqué depuis plusieurs années par les députés et la loi sur le règlement budgétaire n'a plus été élaborée depuis 1981. L'hôte de la chambre basse du Parlement a beaucoup insisté sur le renforcement des mesures de répression prises dans les textes et a indiqué que les lois seront appliquées avec rigueur. «Parce que la lutte contre la corruption n'est pas un discours mais des actes. Au sujet du classement de l'Algérie par Transparency International, il renverra les députés qui ont soulevé la question au classement de certains pays qui ne sont pas bien lotis en matière de corruption. Il ajoutera toutefois que les rapports des ONG sont loin d'être objectifs et sont loin d'être innocents parce que l'Algérie refuse de s'incliner. Aujourd'hui l'Algérie a réussi à se libérer des liens et des chaînes des institutions financières internationales, à travers le remboursement de ses dettes qui sont aujourd'hui de l'ordre de 380 millions de dollars. «Vous pouvez tout reprocher à Abdelaziz Bouteflika, dira-t-il, sauf de ne pas avoir rendu son indépendance à l'Algérie.» F. A.