Photo : Riad De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad L'habitat précaire est présent sur l'ensemble du territoire du pays et est considéré comme un problème qui doit trouver ses solutions dans le cadre d'une politique globale de gouvernement car ne relevant pas du secteur mère, à savoir le ministère de l'Habitat, selon les propos encore frais d'un haut cadre du département de Nouredine Moussa qui soulignait que «la lutte contre les inégalités sociales dans ce domaine est l'une des priorités du gouvernement». Le problème de l'habitat précaire mériterait tout l'intérêt des responsables parce qu'il constitue une véritable tache noire de l'environnement urbanistique et social actuel avec ses injustices dans la société et les graves dangers auxquels sont exposés ceux qui s'y abritent (ils sont très nombreux, constate-t-on facilement). 553 000 habitats précaires, tous types confondus, l'équivalent de 8% du parc d'habitat, ont été relevés lors du dernier recensement (2007) de l'habitat précaire, selon des chiffres du ministère de l'Habitat. La wilaya de Tizi Ouzou en compterait 30 000, à la même date et d'après la même source.Au plan budgétaire, le ministère de l'Habitat a dégagé une enveloppe de près de 10 milliards de dinars afin d'en finir avec ce phénomène qui choque la vue et torture ses habitants. Le vieux bâti classé dans la catégorie de l'habitat précaire est à présent un véritable casse-tête pour les autorités et une source de graves problèmes dans la wilaya de Tizi Ouzou. Selon la Direction de l'urbanisme et de la construction (DUC) de la wilaya de Tizi Ouzou, 98 sites classés dans la catégorie d'habitat précaire ont été recensés dans la quasi-totalité des communes en plus d'environ une vingtaine de bidonvilles comprenant 680 habitations (728 familles). Au total, on signale 77 cités précaires de 3 147 habitations où survivent 3 438 familles. Pour y faire face, la wilaya à travers le programme de résorption de l'habitat précaire (PRHP), a déployé durant ces dernières années un programme d'affectation de plus de 4 000 logements. Ce programme est dispatché sur 32 sites connus à travers les 67 communes de la wilaya, dont 900 étaient prévus au chef-lieu de wilaya qui compte le plus grand nombre d'habitations précaires. «L'éclatement du programme sur plusieurs sites», les «surcoûts de réalisation et la flambée des matériaux de construction» induits entre autres par le relief accidenté de la région de Kabylie et l'instabilité du marché seraient des paramètres qui gêneraient la réalisation optimale du programme (PRHP) en cours. Aussi, les cités coloniales appelées communément cités de recasement datant de l'époque coloniale figurent sur le registre de l'habitat précaire dans la région de Kabylie. Ce sont pratiquement des demeures exiguës, sans commodités, impropres même pour plus de deux adultes. Elles sont composées d'une seule pièce, d'une cuisine, d'un WC et d'une étroite cour. Bien après la fin de la guerre d'Algérie, ces logis de fortune n'étaient pas raccordés aux réseaux d'AEP, de gaz et d'électricité et seuls ceux qui en ont les moyens peuvent porter des modifications qui souvent loin d'être des améliorations en harmonie avec le milieu urbain et l'environnement immédiat. C'est du pur développement anarchique. A l'instar de celles préconisées pour la résorption de la crise de logement, les solutions pour l'éradication du vieux bâti sont loin d'être efficaces.