Photo : S. Zoheir Par A. Lemili Elle est belle la conviction des hauts responsables, toutes attributions confondues, siégeant ou dirigeant les instances sportives nationales de n'avoir en tête que la renaissance du football national. La meilleure des preuves reste à l'évidence leur lumineuse proposition faite et avalisée par la Fédération internationale (Fifa) d'autoriser les footballeurs professionnels ayant une double nationalité et évoluant dans des championnats étrangers à faire valoir, sans limite d'âge et dès lors que l'opportunité se présenterait pour eux, leur intention d'intégrer la sélection nationale de l'un ou l'autre pays à la seule condition qu'ils n'aient pas déjà fait partie de celle dite «A».Ce qui n'était qu'une exception, il y a une vingtaine d'années, autrement dit quand les footballeurs algériens issus de l'émigration n'étaient pas nombreux, et si tant est qu'ils s'en trouveraient, dans leur majorité, ne se bousculaient pour faire partie d'une sélection algérienne aux ambitions limitées, s'est inversée aujourd'hui. Ils sont légion ces Algériens de l'étranger qui, pieds joints, sauteraient à la moindre sollicitation du sélectionneur national pour répondre présent à «l'appel du devoir national» d'autant plus qu'il leur était difficile de garder indéfiniment deux fers au feu et l'espoir de faire partie de la sélection nationale du pays où ils vivent et y sont parfois nés dont et surtout la France. Légitime réaction de footballeurs quelconques qui se morfondent dans des championnats professionnels à la réputation modeste et dans le meilleur des cas quand il s'agit de ceux plus respectables comme l'Espagne, l'Italie, l'Allemagne ou l'Angleterre et même le Portugal ou la France, ont pour particularité de… chauffer le banc des remplaçants. La trajectoire qui est imprimée à leur carrière une fois le maillot national endossé est tout bénef. Les exemples de ceux qui, miraculeusement sortis du plus sombre anonymat de compétition jusque-là connus comme étant quelconques, se sont autrement réinsérés après que leur carte de visite eut été étoffée, sont nombreux tout au long de ces deux dernières années et plus particulièrement aux lendemains des deux compétitions majeures auxquelles a participé l'EN : CAN et CM. Et bien évidemment si les résultats superficiels enregistrés jusqu'à présent comme le serait une couche de vernis sur l'ongle ont surtout servi aux responsables des instances sportives de réaliser un véritable coup de maître plutôt à l'avantage de leur carrière et leur confort personnel que l'intérêt national. Tout cela grâce à un savant maquillage de la réalité et, par voie de conséquence, au détriment d'un travail en profondeur qui aurait eu le mérite de tirer vers le haut une compétition nationale, laquelle est quasi nulle alors que la valeur intrinsèque, au minimum syndical, chez les footballeurs locaux volait au ras des pâquerettes. Sur les centaines d'éléments évoluant dans les différentes associations, il n'était guère évident de monter une sélection nationale valable, quoique cette réalité ne dût pas, non plus, servir d'alibi aux responsables jetant tous azimuts leur dévolu sur les binationaux. Autrement dit, c'était privilégier la solution facile sans pour autant qu'elle constitue une panacée au mal endémique qui ronge la discipline.L'acharnement des responsables algériens à faire passer vaille que vaille l'amendement qui consistait à abolir la limite d'âge des binationaux n'était en fait qu'une fuite en avant dont les conséquences sur le football national vont être payées cash en ce sens qu'il y a là une volonté quasi délibérée d'opter pour une sorte de patriotisme national comme cela est revendiqué dans le reste des engagements, mesures et programmes initiés dans l'ensemble des pans d'activité nationale où la direction politique se veut intransigeante au nom justement de ce… patriotisme, voire de la souveraineté nationale. Nos voisins marocains sont confrontés à la même situation. A la seule différence qu'ils en débattent dans la transparence en engageant des débats contradictoires sur le sujet, des confrontations d'arguments où s'impliquent de manière très concrète les anciennes gloires qui exigent d'être partie prenante de la réputation d'une discipline, en de meilleures circonstances parfaite ambassadrice à travers le monde. S'agissant du nôtre (football national), il continuera de souffrir d'une tutelle imposée, à la limite, à des acteurs essentiels mais ravalés au stade de l'infantilisme. Et le prix à en payer est, bien sûr, l'ambiante médiocrité du football algérien