Photo :S. Zoheïr Par Hassan Gherab La 15ème édition du Salon international du livre d'Alger (Sila 2010) s'est clôturée dans la soirée de samedi dernier. Comme de coutume, le nombre de visiteurs a sensiblement augmenté. C'est jour de repos. Mais pas seulement. On vient surtout parce qu'on est persuadé qu'au dernier jour les remises sur les prix seront plus conséquentes. On peut donc acquérir plus de livres. Résultat : des milliers de visiteurs affluent vers l'esplanade où se dresse le blanc chapiteau abritant le salon, sur le parking du complexe olympique Mohamed-Boudiaf. Mais on ne peut accéder au chapiteau que par quelques passages aménagés dans l'enfilade de barrières qui l'encerclent, pour on ne sait quelle raison. On est obligé de faire tout un détour pour passer par où les forces de l'ordre et le service de sécurité du complexe veulent qu'on passe. Pourquoi empêcher les visiteurs d'aller et venir librement sur le site ? Pourquoi enfermer le salon derrière des barricades ? Les raisons de sécurité ne peuvent aucunement être invoquées à partir du moment où les responsables de la sécurité ferment les yeux sur les vendeurs à la sauvette qui enlaidissent l'image du salon. A l'intérieur du chapiteau, c'est une véritable fourmilière, avec l'organisation en moins. Les nombreux visiteurs arpentent les allées du salon que les organisateurs, bien inspirés, ont heureusement élargies. C'est la ruée vers les stands. On presse le pas et on essaye de les visiter, du moins ceux encore ouverts, pour dénicher la bonne affaire. Ça va, ça vient, ça trépigne. Des jeunes fendent la foule avec des sachets noirs ou des cartons pleins à craquer de livres. «Ces livres ne m'appartiennent pas. Je ne fais que les livrer à un type qui les a achetés et qui m'attend dehors», nous dira l'un d'eux. En fait, ces jeunes travaillent pour des revendeurs qui, sachant que la vente en gros est interdite au salon -il y a un contrôle douanier à chaque sortie du salon-, les envoient chercher par petits paquets les livres qu'ils ont achetés à un de ces commerçants du livre. Ces acheteurs «anonymes» ont fait de bonnes affaires. Il y a fort à parier que les livres achetés en gros et à bon prix vont se retrouver sur les étals ou les rayonnages des librairies où ils seront revendus avec une confortable marge bénéficiaire.Les petits acheteurs, pères de famille et étudiants qui, eux, n'ont pas les moyens de débourser des milliers de dinars pour tous les livres qu'ils voudraient avoir, sont obligés de faire un tri et de courir tous les stands dans l'espoir de trouver ce qu'ils cherchent à un prix raisonnable, d'où cette frénésie, surtout qu'il ne restait qu'une paire d'heures à la fermeture du salon prévue à 20 heures. Le commissariat du Sila a bien décidé, à la dernière minute comme d'habitude, de prolonger la clôture jusqu'à 21 heures. Mais les visiteurs n'étaient pas au courant, c'est tout juste si les exposants l'étaient grâce à des employés du commissariat qui, en fin de journée, ont fait la tournée des stands pour communiquer la directive.Mais de nombreux stands avaient déjà fermé. Des cartons, des morceaux de papier d'emballage, des sachets jonchaient le sol, donnant au salon plus les allures d'un souk que d'une exposition de livres. C'est toutes ces imperfections qui ternissent l'image du Sila que le ministère de la Culture, tutelle du salon, devrait corriger s'il entend en faire une véritable manifestation culturelle majeure de dimension internationale.