Signe de la mauvaise foi de la partie marocaine, ce discours à la nation pour le moins haineux à l'égard de l'Algérie du roi Mohammed VI, prononcé samedi à Rabat, à l'occasion du 35ème anniversaire de la «Marche verte». Le souverain alaouite a, en effet, vivement critiqué l'Algérie, appelant la communauté internationale à mettre fin à la «répression» que subissent, selon lui, les réfugiés sahraouis établis dans les camps de Tindouf. «L'heure de vérité a sonné pour dévoiler à la communauté internationale les affres de la répression, de l'intimidation, de l'humiliation et des tortures qui sont infligées à nos compatriotes […] La communauté internationale et les organisations des droits de l'Homme doivent prendre leurs responsabilités en mettant un terme à la violation persistante des conventions internationales humanitaires par l'Algérie.» Le souverain accuse, en outre, notre pays d'avoir «créé une situation aberrante inédite, notamment en refusant d'autoriser le Haut-Commissariat aux réfugiés à assurer le recensement et la protection des populations des camps». Réagissant à cette énième sortie médiatique hostile à l'Algérie, le gouvernement de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) a, dans un communiqué rendu public hier, estimé que ces déclarations sont de nature à «entraver les efforts pour le règlement du conflit à un jour du début du nouveau round des négociations entre les deux parties du conflit». Le discours, souligne le communiqué, est chargé de «menaces contre l'Armée de libération sahraouie (ALPS) dans les territoires sahraouis libérés ou contre les citoyens sahraouis dans les territoires occupés, ou encore contre l'Algérie qui accueille les réfugiés sahraouis ayant fui la répression des forces marocaines qui ont tenté de les exterminer au napalm et au phosphore blanc en 1975». La RASD a également appelé le Conseil de sécurité et les Nations unies à prendre «sans plus tarder des sanctions contre le Maroc afin de l'amener à se conformer aux exigences de la légalité internationale au Sahara occidental pour parachever le processus de décolonisation en Afrique», selon un communiqué du ministère sahraoui de l'Information, repris par l'APS. Le gouvernement de la RASD interpelle, par ailleurs, les Nations unies sur la «gravité» des déclarations du souverain marocain qui menacent «la sécurité et la stabilité et qui risquent de saper les efforts de la communauté internationale visant à l'instauration d'une paix juste et durable dans la région», ajoute le document rendu public à l'issue du discours du roi du Maroc. En prévision de ce nouveau round de négociations, des organisations non gouvernementales (ONG) et des militants des droits de l'Homme américains ont demandé au président des Etats-Unis, Barack Obama, d'user de son influence auprès du Maroc pour qu'il respecte les droits de l'Homme, dont le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, indique l'APS. Dans une lettre adressée au président Obama, les signataires ont déploré la situation au Sahara occidental, notamment après que des Sahraouis d'El Ayoun occupée eurent quitté la ville en signe de protestation contre leurs conditions de vie pour s'installer dans des camps et qui «se retrouvent encerclés par l'armée marocaine qui les prive d'eau et de nourriture». Et d'ajouter : «Le conflit du Sahara occidental est une question qui trouve un consensus chez les Américains, qu'ils soient Démocrates, Républicains ou indépendants», a souligné la présidente de la fondation américaine «Defense Forum Foundation», Mme Suzanne Scholte, une des signataires de la lettre.