Les Jordaniens ont donné une majorité écrasante aux députés proches du pouvoir de cette monarchie constitutionnelle lors d'élections législatives boycottées par l'opposition islamiste, permettant au gouvernement de garder la mainmise sur le Parlement. Sur les 120 sièges de la Chambre, 78 seront occupés par de nouveaux venus. Dix-sept des députés élus appartiennent à des partis politiques. Les autres sont des indépendants proches du pouvoir. En outre, la Chambre des députés comptera treize femmes. Douze ont été élus selon le quota qui leur est réservé, alors qu'une économiste, fille d'un ancien Premier ministre, a réussi à se faire élire hors quota à Amman. Ce Parlement «sera facile à manier par le gouvernement», estiment certains observateurs. La nouvelle chambre «ne conteste pas les initiatives du gouvernement et se contente de les suivre». Le Parlement jordanien est bicaméral et le Sénat est formé de soixante membres nommés par le roi. Le taux de participation s'est élevé à 53% et a été similaire à ceux enregistrés depuis 1989, date du lancement du processus démocratique en Jordanie. Le boycottage des islamistes semble ne pas avoir eu l'effet escompté. La Jordanie a accepté, pour la première fois dans son histoire, la présence de 250 observateurs internationaux aux côtés de 3 000 observateurs locaux. Cette décision marque une volonté du gouvernement de prendre ses distances des élections de 2007 qui ont été largement considérées comme frauduleuses. Ce qui a poussé le roi Abdallah II à dissoudre la chambre en novembre 2009, deux ans avant la fin de son mandat. Les Frères musulmans ont boycotté les législatives pour protester contre la loi électorale, approuvée en mai, qui a maintenu un système uninominal à un tour. Un système qu'ils considèrent à leur désavantage. Des violences ont éclaté entre les militants de candidats concurrents, à mesure que les résultats étaient annoncés hier. Dans les villes d'Irbid, Jerash (nord) et Salt (ouest), des factions rivales ont brûlé des pneus et cassé des vitres, alors que la police a fait usage de gaz lacrymogènes. Mardi dernier, un jeune homme a été tué par balle dans le sud du pays, à Karak, et une dizaine ont été blessés dans différentes régions. Un remaniement ministériel est attendu avant l'inauguration du Parlement le 28 novembre prochain précisant que le Premier ministre Samir Rifaï devrait être maintenu dans ses fonctions. R. I.