Les résultats peu reluisants sur lesquels avait débouché le sommet de Copenhague sur le climat vont coûter au monde la bagatelle de 1 000 milliards de dollars en investissements supplémentaires à matérialiser d'ici à 2030 pour infléchir les politiques énergétiques, soit 11 600 milliards en tout, selon le rapport annuel de l'Agence internationale de l'énergie qui vient d'être rendu public. Mais, d'ici là, les choses pourraient changer, de nouvelles donnes, au plan énergétique, devraient apparaître. L'AIE s'attend, et elle le mentionne dans son rapport, à une «forte volatilité» du prix du pétrole à court terme. Elle n'exclut cependant pas un «rebond» sur la longue période, le baril pouvant atteindre «113 dollars en 2035», contre plus de 87 dollars aujourd'hui, à la grande joie des pays pétroliers. L'Agence internationale de l'énergie prévoit, dans ses projections, que dans 25 ans, le monde devrait consommer quelque 99 millions de barils par jour, une augmentation spectaculaire provoquée par la hausse de la demande chinoise. L'AIE détaille que la demande mondiale de pétrole devrait croître de 18%, tirée en grande partie par l'appétit énergétique gargantuesque de la Chine. La demande de pétrole (hors biocarburants) devrait alors atteindre quelque 99 millions de barils par jour (mb/j) en 2035, soit 15 millions de barils par jour de plus qu'en 2009. La progression de la demande mondiale d'énergie provient pour 93% des pays non membres de l'OCDE - qui réunit les Etats les plus riches et dont l'AIE est le bras énergétique. Au sein de l'OCDE, la demande se contracterait. Elle chuterait même de plus de 6 mb/j sur cette période. Près de la moitié de la progression est due uniquement à la Chine, essentiellement en raison de ses besoins en carburants pour les transports, la consommation énergétique grimpant de 75% entre 2008 et 2035. En 2035, la Chine, qui est devenue l'an dernier le premier consommateur mondial d'énergie devant les Etats-Unis, devrait ainsi représenter 22% de la demande mondiale, contre 17% aujourd'hui. Globalement, la demande mondiale d'énergie devrait augmenter en proportion de 36% entre 2008 et 2035, soit 1,2% par an en moyenne, passant, en volume, de 12 300 millions de tonnes équivalent pétrole à plus de 16 700 millions. C'est moins que la hausse moyenne annuelle de 2% enregistrée au cours des 27 années précédentes. L'Agence internationale avance, par ailleurs, que les énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz naturel) feront encore parler d'elles ; elles demeureraient en 2035 les sources dominantes, mais leur part dans la demande globale de carburant passerait de 33% à 28% en 25 ans en raison de prix plus élevés et des efforts gouvernementaux pour promouvoir d'autres voies. Ainsi, la part du nucléaire passerait, elle, de 6 à 8% et celle des énergies renouvelables (hydraulique, éolienne, solaire, etc.) de 7% à 14%. Y. S.