Investir massivement dans les énergies renouvelables serait une «révolution» non seulement utile pour la lutte contre le réchauffement climatique mais aussi économiquement rentable au moment où la récession menace, selon une étude présentée lundi par Greenpeace à Berlin. «Il y a une tendance au sein de l'UE à freiner le débat sur le changement climatique, comme l'Italie et la Pologne qui affirment ne plus avoir d'argent à cause de la crise financière. C'est vraiment penser à court terme», a dénoncé lors d'une conférence de presse Oliver Schäfer, directeur du Conseil européen des énergies renouvelables (EREC), coauteur de l'étude. Plusieurs pays de l'UE ont demandé, en vain pour le moment, le report de l'adoption d'un plan européen de protection du climat prévue le 11 et 12 décembre. «Cette crise financière va passer, la crise climatique non», et «elle touchera le monde avec une gravité incomparable», a résumé Schäfer. Selon l'étude présentée à Berlin par Greenpeace International, un investissement mondial de 9 milliards de milliards de dollars dans les énergies renouvelables permettrait l'émergence d'une industrie très rentable et la réduction des émissions de CO2. D'ici 2030, l'industrie des énergies vertes aurait multiplié son chiffre d'affaires par cinq de 70 à 360 milliards d'euros, et d'ici 2050 elle aurait la taille de l'industrie fossile d'aujourd'hui, selon ce rapport intitulé «Révolution énergétique : une vision d'une énergie mondiale durable». Les auteurs du document ont pressé les politiques du monde entier à profiter de la crise pour «changer de manière de penser» et «poser les bases et le cadre» d'un investissement massif dans ces énergies qui ne souffrent selon eux «ni d'une limite de ressources ni d'une volatilité des prix». La somme à investir est impressionnante, mais il faut mettre dans la balance le fait que d'ici 2030 plus de 18 milliards de milliards de dollars de dépenses en énergies fossiles auraient été économisés dans le seul secteur de l'électricité, a relevé un coauteur du rapport, Sven Teske, de Greenpeace. Il faut aussi en déduire les investissements qu'il aurait fallu faire de toutes les manières dans les énergies conventionnelles pour répondre à la demande croissante, a souligné M. Schäfer. Les frais supplémentaires réels nés de ce choix pourraient être portés par les contribuables ou par le commerce des droits d'émissions de CO2, mais seulement pendant dix ou quinze ans, jusqu'à ce que le coût de production des énergies renouvelables rejoigne celui des énergies fossiles et lui devienne inférieur, d'après le rapport. «En multipliant l'utilisation des énergies renouvelables par quatre, non seulement dans le secteur de l'énergie, mais aussi dans celui des transports et du chauffage, nous pouvons diviser par quatre les émissions de CO2 par personne et par an d'ici 2050», a déclaré Sven Teske. A condition qu'y aient accès les pays en développement et surtout émergents comme la Chine et l'Inde, dont l'appétit croissant pèse de plus en plus lourd dans l'augmentation des émissions.