La France est depuis jeudi dernier soumise à la pression exercée sur elle par l'Aqmi qui exige une négociation directe avec Oussama Ben Laden. Dans un message audio diffusé par la chaîne qatarie Al-Jazeera, et dont l'authentification était en cours hier par Paris, le groupe Aqmi qui séquestre cinq otages français dans le nord du Mali, a posé des conditions draconiennes à l'Hexagone pour la libération de ses ressortissants enlevés en septembre dernier, alors que celles (conditions) de l'homme le plus recherché au monde seraient à venir. «Toute forme de négociation sur ce sujet à l'avenir sera conduite avec personne d'autre que notre Cheikh Oussama Ben Laden […] et selon ses conditions», a souligné le chef de l'organisation terroriste Abdelmalek Droudkel, qui a dicté une deuxième exigence : le retrait des soldats français d'Afghanistan. «(Si vous) voulez que vos citoyens qui sont prisonniers chez nous soient sains et saufs, alors vous devez vous dépêcher et retirer vos soldats d'Afghanistan selon un calendrier précis que vous rendrez public», a ajouté Droudkel.Alors que l'enregistrement était soumis à un test de reconnaissance de l'émetteur, la nouvelle locataire du département des Affaires étrangères, Michelle Alliot-Marie, a répliqué en rejetant les exigences d'AQMI, affirmant que «la France n'acceptera pas que sa politique soit dictée à l'extérieur». Se voulant rassurante, elle a déclaré que son pays «fait tout ce qui est en son pouvoir pour que tous les otages, où qu'ils soient, soient libérés sains et saufs». Les choses semblent se corser pour Paris qui n'a pas caché qu'il existait des contacts avec les ravisseurs, ces derniers plaçant la barre plus haut en imposant Ben Laden comme unique interlocuteur, et à ses propres conditions. Ce dernier avait donné le ton, le mois écoulé, en mettant en garde la France que si elle ne retirait pas ses troupes d'Afghanistan et ne cessait pas ses injustices envers les musulmans, notamment la loi sur l'interdiction du port du voile intégral, elle serait confrontée à l'insécurité. Auparavant, le président français Nicolas Sarkozy avait fait état de la détermination de son pays à ne pas céder à la menace, tout en se disant «spécialement inquiet» pour les otages détenus au Mali. «Mais nous ne changerons pas d'un iota notre politique sous prétexte que nous sommes menacés», avait-il annoncé. Mais il faut dire que ces propos avaient été formulés avant la diffusion de l'enregistrement audio du chef d'AQMI et il reste à savoir quelle sera l'attitude de l'Elysée. Pour l'ex-ministre de la Défense, Hervé Morin, la demande de retrait des troupes d'Afghanistan était «une forme de revendication classique et traditionnelle», mais «ce qui est nouveau en revanche, c'est la référence à Ben Laden». Pour rappel, cinq Français ont été enlevés le 16 septembre dernier à Arlit dans le nord du Niger, en même temps qu'un Togolais et un Malgache. Leur enlèvement a été revendiqué par l'AQMI le 21 septembre. R. M.