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Premier âge de la professionnalisation des crèches à Constantine
L'organisation de l'activité en est encore à ses débuts
Publié dans La Tribune le 01 - 12 - 2010

De notre correspondant à Constantine
Nacer Hannachi
La mutation vertigineuse de la société devenue active a donné lieu à la prolifération de plusieurs structures de gardiennage. Les crèches privées et le «nursing» à domicile auquel recourent les parents dont les enfants sont en très bas âge, se multiplient à Constantine. Mais si la quantité est là, la qualité elle n'est, , pas toujours au rendez-vous. Profitant de l'absence de toute autorité et de contrôle, des personnes ont investi ce créneau très lucratif sans trop se soucier des normes. Mais si les autorités ont laissé faire, les premiers temps, elles font montre aujourd'hui d'une volonté de remettre de l'ordre dans cette activité. Des contrôles inopinés sont ainsi effectués par l'administration dans les crèches et garderies. Huit crèches au moins, depuis le début de cette rentrée sociale, ont ainsi été contraintes à la fermeture «provisoire». Les contrôleurs ont conclu après leur passage qu'elles ne répondaient pas aux normes imposées par les textes régissant l'activité. Exiguïtés des lieux, manque de sécurité (prises électriques non protégées, chauffages inexistants, manque d'hygiène…) sont, entre autres, les raisons qui ont abouti à la fermeture prononcée par la wilaya sur décision collégiale.Constantine compte 36 crèches et garderies réparties à travers la circonscription, dont huit étatiques. La nouvelle
réglementation a de fait remis de l'ordre dans cette activité sensible.Les amendements du décret régissant l'activité ont introduit des obligations, dont la mise en conformité des crèches en matière de sécurité et d'espace délimité pour l'enfant. La Direction de l'action
sociale (DAS) qui chapeaute l'opération d'octroi de l'agrément, veille, comme il se doit, à la bonne marche de ces structures qui sont devenues le deuxième domicile de l'enfant. Ainsi une commission préalable composée de représentants de la Protection civile, de la DAS et de la Direction de la santé effectue-t-elle une inspection des lieux avant la livraison du quitus ouvrant droit à l'activité. Une expérience de pas moins de cinq années est exigée du souscripteur pour pouvoir accueillir des enfants dans son fief. Les contrôles dans les crèches se font périodiquement. «La moindre irrégularité est directement sujette à sanction provisoire, et ce, jusqu'à ce que la crèche ou la garderie sanctionnée se mette à niveau», confirme le responsable de la communication de la DAS
L'APC vise la concession de ses 4 crèches pour être aux normes
Une commission centrale ministérielle a effectué dernièrement une visite d'inspection dans les crèches affiliées à la municipalité. Il en ressort que la plupart de ces garderies demeurent dans un état loin de répondre aux normes. Un constat consigné dans le rapport des responsables chargés de ce volet. Si les infrastructures en soi présentent un visage avenant, car elles bénéficient de réhabilitation et de ravalements à chaque fois que la nécessité s'en ressent, il n'en est pas de même pour l'encadrement qui est bien en deçà du niveau requis pour la prise en charge des enfants. A cet effet, une source officielle fera part des modes de recrutement du personnel censé activer dans ces espaces. «La nomenclature de la fonction publique dans la commune ne renferme pas un article qui prévoit des enrôlements adéquats nous permettant de recruter des compétences en matière de garderie. Ce sont de simples agents qui y travaillent avec des connaissances limitées. C'est l'expérience qui prédomine», devait éclairer notre source.Cet état de fait a poussé les
responsables municipaux à intégrer la perspective d'une éventuelle concession afin de rentabiliser davantage ces lieux et surtout les mettre à niveau en confiant leur gestion à des professionnels. L'idée fait son chemin et attend une délibération à l'Assemblée communale. «Une crèche prototype devrait être désignée pour tirer des conclusions sur cette expérience avant de l'élargir aux autres», explique un cadre de l'APC.Ainsi, semble-t-il, l'ère du management est arrivée aux portes des crèches devenues au fil du temps un espace tant convoité en raison de la mutation de la société où, désormais, les couples actifs sont de plus en plus nombreux.
Les crèches municipales offrent une capacité d'accueil variable allant de 75 à 140 enfants. Actuellement, l'une des quatre crèches, implantée à Saint-Jean, connaît des travaux d'aménagement, ce qui a compliqué la situation des parents résidant dans son voisinage puisqu'ils sont contraints d'aller chercher plus loin pour caser leurs enfants.S'agissant du budget de fonctionnement de ces crèches on estime que six millions de dinars par an suffisent largement pour couvrir leurs besoins. Mieux, la subvention n'est consommée qu'à moitié. La mensualité pour la prise en charge d'un enfant est fixée à 1 500 dinars. «On ne se plaint pas du côté de la nourriture.
L'alimentation est équilibrée», se félicitent les responsables du social à Constantine. Cette appréciation est unanime. Elle est confirmée par les parents : «De ce côté, nous n'avons pas à nous plaindre. Il y a des crèches qui nous interdisent même de donner des en-cas ou des goûters aux enfants». Ce qui confirme la bonne santé financière de la majorité des crèches.Aux côtés des crèches communales, la wilaya de Constantine dispose de plusieurs autres dont celles privées qui viennent combler un grand vide, notamment avec l'extension du tissu urbain. Aïn Smara et la nouvelle ville Ali Mendjeli ont connu une croissance ces dernières années. La différence y est de taille quand il s'agit de la prise en charge journalière des enfants. D'une part, par la nature des prestations et de l'autre, par les prix pratiqués pour la garde. Les tarifs mensuels ne sont pas à la portée des bourses moyennes. Ce qui pousse les parents qui ne peuvent assumer ces dépenses, à recourir aux services des nourrices qui prennent généralement 2 000 dinars par mois, au risque de voir leurs enfants entassés dans une chambre avec tous ceux que la nourrice garde chez elle, au noir souvent ! Et l'on passe sur les risques domestiques et alimentaires. Les opératrices privées doivent pourtant se soumettre au préalable à une formation imposée selon la réglementation pour pouvoir bénéficier de l'agrément d'exercice. Mais qui irait chercher dans la maison qui garde qui ? D'autant plus que les parents, les premiers concernés, sont les derniers qui iraient dénoncer la nourrice gardant leurs enfants, sauf si, à Dieu ne plaise, un accident survenait… Evidemment, si l'administration a vraiment l'intention de mettre de l'ordre dans cette activité, elle peut toujours trouver les moyens de le faire. Rien n'empêche, en effet, les inspecteurs de faire des enquêtes de proximité pour débusquer tous les mauvais éléments.


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