Elle devait se tenir mardi dernier, mais la conférence de presse n'a eu lieu qu'hier au siège du Parti des travailleurs à El Harrach, en raison de la présence encore de plus de 150 participants à la Conférence mondiale ouverte (CMO) dans notre pays. Surtout que nombre d'entre eux voulaient absolument visiter Alger. Ils ont quand même été à Tipasa que l'un des militants français caressait le rêve de voir depuis des années. La conférence de presse était animée conjointement par Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs, Rubina Jamil, de la Centrale syndicale pakistanaise, Julio Turra de la Centrale syndicale brésilienne, Jean-Pierre Barois, membre de l'Entente internationale des travailleurs et des peuples, Norbert Benissan, de l'Union des syndicats indépendants du Togo. Ce qui lui a donné un caractère multicontinental. Louisa Hanoune a signalé que quatorze délégations n'avaient pu faire le déplacement à Alger pour différentes raisons. A l'exemple de la délégation soudanaise qui tenait parallèlement une conférence pour défendre l'unité du Soudan à la veille de la tenue du référendum (dans le courant de ce mois). Elle a signalé que beaucoup de militants ne pouvaient prendre part à la CMO en raison des problèmes de circulation des personnes. Elle citera l'exemple de l'Europe qui est en train de se bunkériser. «Finalement, c'est en Algérie que la libre circulation est une réalité», dira-t-elle en saluant les autorités qui ont offert toutes les facilités pour la délivrance du visa. Ce qui a été confirmé par les autres intervenants dans la conférence de presse, qui ont relevé l'accueil chaleureux dont ils ont bénéficié dès leur descente d'avion, les bonnes conditions d'hébergement et de séjour. «De toutes les CMO auxquelles j'ai pris part, celle d'Alger est la meilleure et à tous points de vue, et surtout par la qualité des débats, de la discussion», a indiqué le Brésilien Julio Turra. Il mettra notamment en exergue l'intervention lors de la conférence d'Abdelmadjid Sidi Saïd, secrétaire général de l'UGTA. «Il nous a donné des informations sur les confédérations syndicales que l'on n'avait pas.» Les conférenciers sont longuement revenus sur la nécessité de se réapproprier l'indépendance des organisations syndicales, une lutte qui doit porter ses fruits, sinon ce sera les ONG, payées par les gouvernements qui les remplaceront dans les différentes manifestations. C'est d'ailleurs ce qu'a fait la Confédération internationale des syndicats (CSI) qui n'a pas trouvé mieux que d'inviter à son deuxième congrès les directeurs généraux du Forum de Davos, du Fonds monétaire international et de l'Organisation internationale du commerce. C'est-à-dire tous ceux qui dictent leurs plans d'ajustement structurels aux pays. Norbert Benissan est, lui, revenu sur ce qui se passe sur le continent africain et la problématique de la spirale de l'endettement des pays africains. «Il y a quelques années, nous avions attiré l'attention sur le fait que ce qui arrive en Afrique pourrait bien s'étendre à d'autres continents et d'autres pays. Nous sommes en plein dedans avec la crise mondiale et ses conséquences sur les travailleurs et les peuples.» Jean-Pierre Barois a souligné la solidarité de militants français pour l'indépendance de l'Algérie. «Le fait de me trouver devant ce drapeau [drapeau algérien], c'est pour moi une source d'émotion.» Pour sa part, Rubina Jamil a affirmé que la première victime de la guerre, c'est la classe ouvrière. Elle en veut pour preuve la fermeture de 600 usines et le licenciement de plus de 400 000 travailleurs à cause de la guerre. «L'appauvrissement de la population a eu pour conséquence de nombreux suicides.» Mais en dépit de tout cela, selon elle, l'espoir reste de mise. En témoignent les protestations organisées par son organisation syndicale. Sa participation à la CMO lui a permis de savoir ce qui se passe dans les autres pays. En termes de perspectives et d'objectifs que s'est assignés la conférence mondiale ouverte, il est prévu à l'échelle de l'Europe une réunion à Berlin pour discuter de l'Irlande, de la Grèce, de la Grande-Bretagne où les jeunes étudiants sont descendus dans la rue pour dénoncer la fermeture des universités. Des initiatives continentales sont également prévues, à l'image d'une conférence africaine pour discuter de la dette, de l'Africom, du Pan Sahel. Mais aussi de Haïti qui subit l'occupation de 41 pays à travers la Minusta, dont la Tunisie fait partie. D'ailleurs la CMO a adopté un appel adressé par la délégation brésilienne à Dilma Russef, lui demandant de retirer les troupes brésiliennes d'Haïti. F. A.