A quelques jours de la remise du rapport du Tribunal spécial pour le Liban (TSL) sur l'assassinat de Rafic Hariri, ex-Premier ministre libanais tué dans un attentat le 14 février 2005 à Beyrouth avec 22 autres personnes, la tension monte. Selon le quotidien français Libération dans son édition d'hier, le rapport de la commission d'enquête de l'ONU devrait impliquer directement le parti Hezbollah. Le journal français se base sur un reportage de la chaîne nationale de télévision canadienne CBC, intitulé «Qui a tué Rafic Hariri ?», diffusé récemment, et qui «dévoile l'ampleur du complot et ses rouages sophistiqués» et «montre que toutes les pistes de l'enquête aboutissent au Hezbollah, même si elle n'est étayée par aucune preuve matérielle autre que les écoutes téléphoniques», rapporte le quotidien. La mise en accusation du Hezbollah ne constitue néanmoins pas une surprise, le parti de Nasrallah se trouvant dans la ligne de mire des Américains et des Israéliens. Elément nouveau, la piste en question pointe du doigt le colonel Wissam Al-Hassan, le chef des renseignements de la police libanaise, un proche de Saad Hariri. En 2005, ce responsable était le chef de la sécurité de Rafic Hariri. Saad Hariri, en réaction, a refusé de suivre ses insinuations, faisant preuve de prudence à l'égard du TSL, estimant que «personne ne connaît les actes d'accusation» de ce tribunal. Le procureur du TSL a, de son côté, vivement critiqué CBC après la diffusion du fameux reportage mais pour d'autres raisons. «L'effet le plus dramatique du reportage de la CBC est que sa diffusion peut mettre la vie de certaines personnes en danger», a-t-il réagi. «Le maintien de la confidentialité est une condition essentielle pour le succès de l'enquête», ajoutera-t-il. Le Hezbollah, représenté au sein du gouvernement d'union libanais dirigé par Saad Hariri, a constamment démenti toute implication dans la mort de Rafic Hariri, invitant les enquêteurs à chercher du côté des bénéficiaires de l'assassinat. Son dirigeant Hassan Nasrallah, qui a toujours dénoncé la «politisation» de ce tribunal, a prévenu que son parti se défendrait contre toute manœuvre. Le TSL a, depuis sa création, laissé transparaître de troublants dysfonctionnements. Du temps de la commission d'enquête, le procureur allemand Detlev Mehlis avait eu recours à un nombre étonnant de faux témoins pour accuser la Syrie. Ces derniers n'ont jamais été réinterrogés pour dire qui les avaient manipulés. La France protège toujours l'un des principaux faux témoins «Zouhair Al-Seddik» sans que le tribunal y trouve à redire. Dès son origine, le TSL paraissait revêtu d'un cachet politique. M. B.