Le troisième sommet Afrique-Union européenne qui s'est tenu à Tripoli (Libye), la semaine dernière, a mis à nu les politiques protectionnistes prônées par certains pays européens mais également la nécessité pour les pays africains de faire un effort supplémentaire pour attirer plus d'investissements mais également tenter par tous les moyens de transformer ce comptoir commercial» pour les autres pays de la planète en économies productives de richesses et de valeur ajoutée. Les chefs d'Etat des deux ensembles se sont réunis dans cette logique bien que les intérêts des uns et des autres ne soient guère au même niveau. Certes, les dossiers inscrits à l'ordre du jour sont innombrables. On énumère particulièrement le dossier paix et sécurité, le changement climatique, l'intégration régionale et le développement du secteur privé, l'infrastructure et l'énergie, l'agriculture et la sécurité d'alimentation et la migration. Toutefois, le développement économique s'est taillé la part du lion lors des débats et des interventions des différents dirigeants notamment des pays africains. Les maîtres des deux continents ont pu ainsi débattre des problèmes que vivent pas moins de 1,5 milliard de personnes. Ce qui renseigne sur l'importance et la pertinence de ce sommet, et ce, bien que les feux soient braqués ailleurs sur une actualité économique mondiale chamboulée, conjoncture qui ne prête guère à l'assurance. Dans ce sens, il faut bien mettre en exergue les difficultés que rencontrent certains géants économiques si ce ne sont pas tous les géants qui peinent à sortir de la crise et anéantir ses effets. Bref, si la crise a bouleversé les grands de ce monde alors que dire du continent africain qui a subi l'onde de choc sans qu'il être à l'origine de ces crises. Ce climat qui prévaut lors de la tenue de ce sommet a permis aux dirigeants africains d'évaluer les actions entreprises mais également de revendiquer un peu plus d'investissements de leurs homologues européens qui demeurent souvent réticents quand il s'agit d'aide financière ou d'appui technique. D'ailleurs, certains observateurs s'interrogent sérieusement sur la portée des annonces faites régulièrement sur des sommes faramineuses accordées aux pays africains. Après deux jours de débats, il faut signaler que les deux ensembles ont réussi à mettre sur les rails le deuxième plan d'action (2011-2013) pour la stratégie conjointe Afrique-UE. Ce plan est doté d'une enveloppe financière conséquente de 50 milliards d'euros. Le plan d'action 2011-2013 adopté Ce plan d'action s'articule autour des priorités et des résultats des huit domaines thématiques prioritaires définis lors du sommet de Lisbonne, et poursuit ses objectifs par l'intermédiaire de groupes informels conjoints d'experts auxquels peuvent participer tous les Etats membres et parties prenantes intéressés. Ce nouveau plan se concentrera sur des activités de dimension régionale, continentale ou mondiale ayant une valeur ajoutée claire et impliquant des acteurs compétents des deux parties, et bénéficiant des ressources politiques, humaines et financières nécessaires. Il visera à surmonter les difficultés de mise en œuvre identifiées lors du sommet de Lisbonne, et à promouvoir la participation de partenaires africains et européens clés. L'un de ses objectifs sera également d'aligner le travail des experts sur le dialogue politique en cours, de stimuler les liens entre la stratégie commune UE-Afrique et les décisions de programmation aux niveaux européen et national, ainsi que d'améliorer la gestion et le fonctionnement du partenariat via un soutien technique et un renforcement des capacités institutionnelles de la Commission de l'Union africaine (UA), d'autres institutions de l'UA et des communautés économiques régionales africaines. Outre ce plan d'action, les dirigeants africains et européens se sont engagés à encourager l'investissement, la création d'emplois et à renforcer la coopération dans le cadre des partenariats entre les deux ensembles. «Notre partenariat doit mieux s'adapter et jouer un rôle de plus en plus important dans la réforme de gouvernance mondiale, notamment en donnant plus de chances à l'Afrique et à l'UE de se faire représenter équitablement. [Il] devrait donner des orientations sur les transformations dont le monde a besoin, la prévention des conflits, la bonne gouvernance, la création d'un marché de l'énergie durable, le développement des infrastructures, la sécurité alimentaire, la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement [OMD], la lutte contre le sida, la prise en compte des défis de la migration et ses liens avec le développement», lit-on dans la déclaration finale. Toutefois, la rencontre a buté sur les investissements et le changement climatique. La déclaration conjointe Afrique-UE sur le changement climatique a essuyé un refus de la part des dirigeants africains. Ils revendiquent, en fait, un financement conséquent et une partie importante des financements à court terme promis à Copenhague. Ils considèrent aussi que l'origine du phénomène est à 96 % extra-africaine. Par ailleurs, il y a lieu de signaler que les deux parties se sont engagées aussi à améliorer l'environnement des affaires qui doit être «transparent et bien géré» mais également à conclure des accords de partenariat économique pour soutenir le développement socio-économique, l'intégration régionale et l'intégration de l'Afrique dans l'économie mondiale. Quant au volet paix et sécurité, ces pays s'engagent aussi à rendre entièrement opérationnelle l'architecture africaine de paix et de sécurité, à poursuivre les efforts pour mettre un terme au conflit somalien et à assurer une participation plus active et une coopération plus renforcée dans les instances internationales. S. B.