Cela recommence. Intimidations, brimades et autres forfaitures contre le peuple palestinien et ses dirigeants. Un ultimatum a été lancé, samedi en soirée, aux personnes réfugiées dans le QG de l'Autorité palestinienne à Ramallah, par le commandant du secteur de l'armée d'occupation israélienne, avertissant qu'une «énorme explosion» allait se produire. Il est patent aujourd'hui que l'armée d'occupation israélienne est tout a fait capable de ne point reculer devant ce forfait et d'emmurer vivantes quelque 200 personnes de l'entourage du président palestinien, Yasser Arafat. Celui-ci gardait le «moral au beau fixe», comme l'a indiqué un responsable palestinien qui a pu le contacter à partir de Damas. Ce dernier a dit que le président Arafat lui a affirmé que le peuple palestinien «un peuple de géants ne cédera pas» et qu'il est «déterminé à poursuivre le combat». Un combat qui est celui du peuple palestinien lequel est sorti en grand nombre samedi en soirée, et hier durant toute la journée, au cri de «Abou Ammar ne se rendra pas (...) même s'il est assiégé», dans les villes palestiniennes, bravant le couvre-feu imposé par l'armée israélienne, pour manifester son soutien au président palestinien assiégé depuis jeudi et menacé dans sa vie. Hier matin, à coups de bulldozers, l'armée israélienne a poursuivi la destruction systématique des bâtiments du Quartier général de l'Autorité palestinienne, dont ne subsistent aujourd'hui que des ruines. Les bureaux du président Arafat, où sont réfugiés près de 200 Palestiniens, ne sont pas dans un meilleur état et constituent un sérieux danger, pour les personnes qui y ont trouvé refuge. Des hommes sont ainsi menacés dans leur vie par les exactions de l'armée d'occupation israélienne. Que fait l'ONU, où est l'administration américaine si prompte à réagir pour condamner la résistance palestinienne? Le gouvernement israélien, qui se joue du sort du président palestinien (privé d'eau, d'électricité et de téléphone depuis hier) et de ses compagnons, se sent quelque part encouragé dans ses persécutions du peuple palestinien, par la mollesse des réactions de la communauté internationale. Certes, les Russes et les Français, notamment, ont réagi. Cependant, sans pour autant exiger de Tel-Aviv de mettre un terme sans délai au siège du président Arafat. Moscou demande ainsi, non sans avoir enrobé cette demande de moult précautions, que «cesse le blocus du QG de Arafat». C'est encore Paris qui a semblé le plus sensible à la situation prévalant à Ramallah, comme l'indique le communiqué du ministère français des Affaires étrangères dans lequel il y était affirmé que «les opérations militaires en cours contre les bureaux du président de l'Autorité palestinienne à Ramallah, sont inacceptables. La France demande qu'elles cessent immédiatement». Hier, c'était le seul représentant de l'Occident à avoir eu une réaction un tant soit peu ferme. M Annan, secrétaire général de l'ONU, au moment où nous rédigeons ce texte, n'a toujours pas réagi au déni de droit dont sont victimes les Palestiniens et leurs dirigeants. Alors, que fait l'ONU? Que fait l'administration américaine, qui se dit garante des droits et des libertés des hommes, qui observe un silence douteux quand les Israéliens humilient et rabaissent plus bas que terre les Palestiniens et le président Arafat? Sharon pense-t-il venir à bout de la ténacité de Yasser Arafat par la trique et l'intimidation? Prisonnier depuis plusieurs mois dans son réduit de la Mouqataâ, le président Arafat sait qu'il n'a plus rien à perdre invoquant même Dieu de «lui accorder l'honneur de martyr» comme le rapporte Ahmed Tibi, membre arabe du Parlement israélien, qui a eu une conversation avec l'assiégé du QG palestinien, ajoutant: «Personne ne sera remis à Israël» qui réclame une vingtaine de patriotes palestiniens, dont le responsable des services de sécurité, Taoufic Tiraoui. MArafat, dans un communiqué qui a été publié hier par l'agence officielle palestinienne Wafa, a affirmé: «Nous sommes prêts pour la paix, mais pas à la capitulation, et nous n'abandonnerons pas Jérusalem ni un seul pouce de notre territoire qui nous sont garantis par le droit international.» Le Chef du gouvernement israélien, Ariel Sharon, revenant sur son antienne, comme quoi Arafat est fini, a déclaré, selon le quotidien israélien Maariv, au président du Conseil législatif palestinien, Ahmed Qoreï, que les Palestiniens «comprendront que Arafat est fini, après qu'il les eut conduits au désastre». Les milliers de Palestiniens sortis en masse, hier et samedi, à Gaza et en Cisjordanie, soutenir son leader, Abou Ammar, est la meilleure réponse aux assertions du boucher de Sabra et Chatila. D'autant qu'il appartient au seul peuple palestinien de dire que Yasser Arafat est fini. De même qu'il appartient aux Nations unies de mettre en garde les responsables israéliens avant que ne soit commis l'irréparable.