Photo : Riad Par Samira Imadalou Annoncée pour 2011 au début de ce mois par le secrétaire général de l'UMA, M. Lahbib Benyahia, à l'occasion de la 16ème session de la Commission maghrébine sur la sécurité alimentaire, la création de la Zone maghrébine de libre-échange pourrait être ajournée. Et pour cause, l'Algérie émet des réserves sur ce projet qui inclut la libre circulation des personnes et l'octroi des avantages dans la passation des marchés publics en plus de l'aspect commercial lié à la libre circulation des marchandises. C'est du moins ce qu'a expliqué le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, devant les députés, jeudi dernier. Il l'a d'ailleurs clairement souligné : «Nous avions émis des réserves contre un certain nombre de dispositifs qui ont été introduits au niveau du projet de la convention relative à la Zone de libre-échange. Le document [présenté] parlait de libre circulation des personnes et de libre circulation des marchandises et de certaines questions liées aux marchés publics.» Pour le ministre du Commerce, l'adhésion de l'Algérie à cette zone «dépend de la compréhension de nos partenaires». Sur le plan du principe, nous sommes d'accord pour la création de cette zone mais il faut absolument que tous les membres prennent en considération les préoccupations des uns et des autres. C'est en ces termes que M. Benbada a résumé la position de l'Algérie. Quelles sont ces préoccupations ? Selon le ministre du Commerce, ce projet discuté au niveau de l'UMA, notamment en juin dernier en Libye (Tripoli), contient des points qui dépassent le cadre commercial. C'est pour cela que l'Algérie a refusé de faire passer l'accord malgré le «forcing» exercé par d'autres pays membres de l'Union.Ces pays, a expliqué le ministre, «voulaient élargir le dispositif d'échange commercial à la libre circulation des personnes et à des avantages dans l'octroi des marchés publics». A travers cette précision, le ministre a fait allusion au Maroc qui, faut-il le rappeler, demande l'ouverture des frontières avec l'Algérie. La partie algérienne «a proposé que le projet se limite à la zone de libre-échange commerciale», à l'instar de l'accord signé avec le reste des pays arabes dans le cadre de la Zale, a révélé M. Benbada. Et de préciser que la position de l'Algérie découle d'une «vision d'ensemble», à savoir celle de la protection de son économie. Et ce, à travers notamment la définition d'une liste négative des produits qui ne seront pas concernés par cet échange, comme c'est le cas avec la Zale. L'autre point délicat dans cet accord, en l'occurrence l'attribution des marchés publics, est également rejeté par l'Algérie.«Deux pays ont demandé que leurs entreprises bénéficient des mêmes avantages accordés aux entreprises nationales dans le cadre de l'octroi des marchés publics», a déclaré le ministre à l'APN. Et d'ajouter : «Ils veulent avoir des avantages dans l'actuel programme quinquennal 2010-2014 et profiter de la mise en service de l'autoroute Est-Ouest pour faciliter l'écoulement des produits agricoles et industriels sans restriction.» Il s'agit probablement du Maroc et de la Tunisie. l'Algérie, pour l'heure, refuse de céder à ces doléances pour «des considérations sécuritaires, sanitaires et encore d'autres relatives à la circulation des personnes qu'il faut prendre en compte dans ce genre d'accord», de l'avis de M. Benbada. Pour mettre au clair tous ces points, une réunion est prévue le premier trimestre 2011. Ce sera l'occasion pour l'Algérie d'émettre sa proposition concernant la création d'une communauté économique maghrébine à la place de la Zone de libre-échange. Cette communauté, selon la vision algérienne, intègre toutes les forces économiques des pays de l'UMA, tout comme ses industries et ses politiques agricoles. Selon le ministre, cette communauté devrait être perçue comme une complémentarité et non comme des marchés que chaque pays veut conquérir. Au cas où la convention négociée à Tripoli ne changerait pas et ne prendrait pas en charge les réserves algériennes, «l'Algérie sera le seul perdant», a mis en garde M. Benbada. Autant alors préparer la réunion de 2011 pour défendre cette position. La tâche s'annonce rude.