Après douze jours de pourparlers, marchandages et débats, souvent tendus, entre les pays riches et ceux les moins développés, les 193 pays rassemblés à Cancun pour la conférence des Nations unies sur le climat ont finalement réussi à faire un petit pas en avant, mais qui n'est pas encore le grand pas pour l'humanité et la planète qu'on avait osé espérer, sans trop y croire cependant. La conférence s'est clôturée, hier, avec la décision de repousser les négociations sur l'avenir du protocole de Kyoto à l'année prochaine. Et pour atténuer quelque peu le désenchantement, les 192 pays - la Bolivie s'est opposée au texte final qu'elle a jugé insuffisant - ont voté de nouvelles mesures qui prévoient la création d'un «fonds vert pour le climat» devant aider les pays pauvres à s'adapter au changement climatique, la protection des forêts tropicales, la lutte contre la déforestation et le partage des technologies vertes. En fait, la victoire de Cancun est d'avoir redonné une seconde vie au processus de négociations internationales pour l'après-Kyoto (qui s'achève fin 2012) que l'échec cuisant du sommet de Copenhague a mis en berne. L'accord conclu au Mexique prévoit la poursuite des discussions sur le protocole de Kyoto, qui engage les pays développés à réduire de 5,2% en moyenne leurs émissions de gaz à effet de serre (GES). Mais le texte pèche par un manque de clarté. S'il assure qu'il n'y aura pas de délai entre la fin de la première période (2012) et la deuxième période, il n'affirme pas cependant qu'il y en aura une. Il rappelle néanmoins que, dans une éventuelle deuxième période, les pays industrialisés devraient réduire leurs émissions de 25 à 40% d'ici à 2020, par rapport à 1990, pour atteindre les objectifs préconisés par les scientifiques et limiter la hausse de la température moyenne de la planète à 2°C au-dessus des niveaux pré-industriels.De plus, la concrétisation des mesures adoptées est loin d'être garantie, quand on connaît les louvoiements et les retournements des pays riches. Preuve en est les nombreuses promesses d'aider les pays pauvres à lutter contre les changements climatiques qui n'ont jamais été tenues. La crise mondiale a justifié le rognage des aides. Le «Fonds vert pour le climat», qui, selon l'accord de Cancun, aura un conseil d'administration où seront représentés de manière équitable pays riches et pauvres, et qui sera administré par la Banque mondiale durant trois ans, devra récolter une partie des 100 milliards de dollars que les pays riches ont promis de mobiliser chaque année à partir de 2020. A supposer que les riches tiennent cette fois leur promesse, réunissent les 100 milliards et en donnent une part au fonds vert, d'où viendra le reste ? Personne ne le sait. Les nombreuses interrogations sur les sources de financement qui devront alimenter ce fonds restent pendantes. On a bien suggéré la mise en place de financements alternatifs, comme des taxes sur les transports et les transactions financières, mais il y a loin de la coupe aux lèvres, surtout quand cette coupe doit d'abord servir les banques et les systèmes financiers mis à mal par la crise mondiale. La Terre n'est pas encore une priorité, seules ses richesses le sont. H. G.