De notre correspondant à Annaba Mohamed rahmani Comme nous l'avions rapporté précédemment dans une enquête sur les cliniques privées à Annaba, la situation de ces établissements privés dits de santé va de mal en pis et les citoyens, dont les plaintes affluent au niveau du ministère, ont pris sérieusement les choses en main. Jeudi dernier, le 3ème étage de la clinique El Djazaïr à Annaba s'est transformé en champ de bataille suite au décès - qualifié de «suspect» par la famille - d'une vieille femme âgée de 80 ans. Celle-ci avait été admise en urgence dans la journée par le directeur de l'établissement pour y subir une intervention chirurgicale qui devait normalement la soulager de son mal. La famille venue quelques heures plus tard s'enquérir de l'état de la patiente apprit avec stupeur que celle-ci est décédée et qu'il n'y avait plus rien à faire. Très vite, la situation se dégrada et les membres de la famille s'en prirent aux médecins et aux infirmiers qu'ils molestèrent sans ménagement : course-poursuite dans les couloirs, cris, chapelets d'injures et d'insultes, portes défoncées et des malades alités qui appelaient au secours. C'est la panique dans la clinique, le personnel courant dans tous les sens cherchant des chambres pour s'y réfugier espérant ainsi échapper à la colère des assaillants venus en nombre. Il avait fallu l'intervention musclée des forces de sécurité pour rétablir l'ordre pour que la situation se calme quelque peu. Dans la grande salle réservée à l'accueil, pas un seul patient ni personnel, les salles de consultation et le laboratoire étaient fermés. Pour avoir plus d'informations sur ce qui s'est réellement passé, nous nous sommes rapprochés de l'administration, mais là aussi, il n'y avait personne pour nous répondre, préférant de ce fait ne pas évoquer l'incident. Un incident qui illustre bien la situation dans les cliniques privées à Annaba au moment où la commission ministérielle, dépêchée par le département de Ould Abbès, enquête dans cette ville sur les structures sanitaires privées. Il faut dire que dans la plupart de ces établissements, on pense en premier au gain avant de s'occuper véritablement de la santé du patient, telle cette scène à laquelle nous avons assisté lundi dernier dans une de ces cliniques. C'est un Chinois, blessé au niveau du bras dont le compagnon tenait une radiographie, qui s'est présenté à un médecin spécialiste pour l'interpréter et prescrire le traitement adéquat. Le médecin repoussa le cliché en faisant comprendre avec de grands gestes au patient qui souffrait qu'il fallait d'abord ramener le «bon» de paiement avant d'entreprendre quoi que ce soit. Les deux Chinois n'y comprirent rien et il a fallu l'intervention d'un autre patient qui avait suivi la scène pour que la situation soit réglée. L'humanisme, l'assistance à personne en danger, le devoir de médecin sont relégués au second plan. L'argent a tout remplacé.