Il est vrai que la composante de la Chambre haute n'est pas de nature à contredire le représentant de l'Exécutif. Pis, près de 70 membres du Conseil de la nation ne se sont pas présentés à cet événement qui n'est pourtant pas coutumier dans leur hémicycle. Ceci n'a pas empêché certains d'élever la voix en soulevant des problèmes d'ordre local. Quant au discours, il est la copie conforme de celui prononcé devant les députés. Ahmed Ouyahia a seulement ajusté quelques phrases pour rendre le sujet circonstanciel. Il en est ainsi du passage concernant la lutte antiterroriste. «[…] Le gouvernement appelle la population à la vigilance. Le terrorisme se caractérise par la lâcheté. Il peut donc profiter de tout relâchement pour frapper par traîtrise, et porter atteinte aux vies et aux biens. L'Etat assume son devoir pour la sécurité des citoyens. Par leur vigilance, les citoyens renforceront aussi leur propre sécurité», a-t-il préconisé. Auparavant, il avait estimé que «le terrorisme a été défait sur le terrain grâce à l'engagement exemplaire de l'Armée nationale populaire, des forces de sécurité de la République et des citoyens volontaires».Dans le domaine des droits de l'Homme, Ahmed Ouyahia, répondant certainement à l'actualité, a rappelé l'engagement de l'Etat à respecter la liberté de culte, tout en poursuivant l'effort de développement des composantes de l'identité nationale. «La liberté de culte sera toujours garantie par l'Etat dans le respect de la loi. L'histoire lointaine ou plus proche est là pour témoigner que le peuple algérien musulman a toujours été accueillant et même protecteur, lorsque cela fut nécessaire pour les pratiquants des autres religions du Livre», a encore affirmé le Premier ministre. Les premières interventions des sénateurs ont commencé juste après l'intervention d'Ouyahia. Elles ont essentiellement porté sur des problèmes locaux. A l'exception de quelques parlementaires, notamment ceux du FLN, qui ont insisté sur l'achèvement des programmes inscrits et sur la nécessaire lutte contre la corruption. Certains parlementaires du Sud, y compris ceux issus du tiers présidentiel, se sont plaints de la marginalisation de leur zone. En tout, 67 sénateurs se sont inscrits pour intervenir. Les débats se poursuivront jusqu'à demain et le Premier ministre répondra mercredi dans la matinée. A. B. Les anciens contractuels de l'armée protestent Pendant que le Premier ministre présentait la déclaration de politique générale du gouvernement devant la chambre haute du Parlement, quelques dizaines d'anciens militaires contractuels victimes du terrorisme se sont massés devant le palais Zighout Youcef pour se faire entendre. «Nous sommes marginalisés et abandonnés», s'est indigné un ancien militaire qui porte encore des traces de blessures sur son visage. «Nous avons une pension de 17 000 dinars, mais cela nous suffit à peine à payer nos loyers», s'est insurgé un autre.Les protestataires, contenus par les policiers sur le trottoir faisant face à l'institution parlementaire, disent représenter 35 000 membres et revendiquer «un statut». «Nous voulons une dignité pour nous et pour toutes les victimes du terrorisme», dit un ancien militaire. Certains portent de graves blessures, allant parfois jusqu'à l'amputation.