De notre correspondant à Bouira Nacer Haniche A l'occasion de la fête de l'Achoura, célébrée dernièrement, la situation sociale des familles nécessiteuses est revenue au premier plan des discussions et des actions dans les différentes couches de la société et chez les pouvoirs publics. Comme le veut la tradition, selon ses moyens, la population de Bouira a célébré le jour de l'Achoura dans la piété, l'entraide et la solidarité envers les familles démunies. Cette fête coïncide avec le dixième jour de mouharram dans le calendrier musulman et a été, d'après les théologiens, calquée sur le Yom Kippour jeûné par les juifs, pour commémorer aussi l'accostage de l'arche de Noé et la bataille d'El-Badr où les mécréants koraïchites furent vaincus par les musulmans. Ces actions sociales s'expriment au niveau des comités de village, qui sont implantés dans les différentes localités rurales de la wilaya. Pour cette circonstance, les membres mettent le paquet pour préparer et perpétuer l'opération de Timechret organisée chaque année, à partir des dons et contributions de personnes charitables parmi les industriels, les commerçants et autres citoyens qui veulent porter secours à leur prochain dans cette circonstance. Ainsi, en plus de la quantité de viande qui est distribuée aux familles du village, la convivialité et la rencontre entre les familles ont une importance symbolique dans le renforcement des liens sociaux.Sur un autre registre, les actions des pouvoirs publics interviennent en masse à l'occasion des grands événements : le mois du Ramadhan et la rentrée scolaire sont organisés par les APC, le Croissant-Rouge algérien, la Direction de l'action sociale. Pour cette année, les 45 communes que compte la wilaya ont été concernées par cet élan de générosité qui vient de l'Etat et des différents donateurs. Pour le mois de Ramadhan 2010, la direction de l'action sociale a prévu 32 500 couffins à distribuer. Les mêmes secteurs ont mobilisé des moyens financiers pour assurer 70 000 repas, dont 40 000 à emporter, durant le mois. Pour ce faire, une enveloppe estimée à hauteur de 98 025 000,00 DA est prévue par le budget de wilaya (23 000 000,00 DA), le budget communal (65 000 000,00 DA), le ministère de la Solidarité (3 025 000,00 DA) et le concours des bienfaiteurs (7 000 000,00 DA).Pour l'année 2009, les services de la DAS avaient enregistré 22 041 familles nécessiteuses à avoir bénéficié d'un couffin. Ce qui suppose que le nombre de nécessiteux est forcément encore plus élevé que celui donné l'année dernière. Ce qui permet de déduire que toutes les mesures d'insertion sociale mises en place dans le cadre de l'emploi et les décisions prises afin de juguler le chômage et la pauvreté par l'encouragement de l'investissement privé générateur de biens et d'emplois pour la région n'ont pas été efficaces. D'autre part, les actions de solidarité mises en œuvre à l'occasion de la rentrée scolaire et sociale ont profité à quelque 65 000 élèves de la wilaya de Bouira, qui sont issus des milieux défavorisés. Ces derniers ont reçu la prime de solidarité scolaire de 3 000 DA, des trousseaux scolaires et aussi de la gratuité du livre qui a été décidée par le ministère de l'Education. A cela, il faut ajouter l'octroi par le ministère de la Solidarité de 17 bus de transport scolaire au profit des élèves qui habitent dans les régions reculées de la wilaya. Par la même occasion, nous citons le déploiement des structures du CRA (Croissant-Rouge algérien) dans les différentes actions qui s'organisent au cours de l'année et qui viennent à point nommé pour atténuer l'impact de la misère sociale dans les milieux populaires. Toutefois, en dépit de la panoplie des dispositifs d'insertion et de protection mis en place par les autorités en direction des familles nécessiteuses, la réalité du terrain fait ressortir une augmentation du phénomène de la précarité. En effet, que ce soit durant le mois du Ramadhan, les fêtes religieuses et les événements sociaux, les quémandeurs n'arrêtent pas d'investir les rues de la ville de Bouira, les grands centres urbains de la wilaya, les places publiques et les gares routières. Un phénomène qui a tendance à se banaliser puisque le nombre de mendiants, dominé par la gent féminine et leurs bébés en bas âge, est en passe de croître durant la période du mois sacré, où les marchés, les alentours des mosquées et les entrées de magasins sont les endroits les plus fréquentés par cette frange de la population. Les hommes, jeunes et moins jeunes, se retrouvant dans une situation de chômeurs avec la pauvreté conjuguée à la cherté de la vie. Quant à la population féminine, dont les âges varient approximativement entre 14 et 45 ans, celles-ci ont opté pour ce «métier» comme un gagne-pain, nous confie l'une d'elles, sans doute pour signifier qu'elle est prête à continuer à vivre avec ce statut de nécessiteuse.