De notre correspondant à Aïn Defla Madani Azzeddine La vision sur la nature de l'emploi a changé ces dernières années. Désormais, ce qui compte pour de nombreux citoyens, c'est d'avoir un salaire qui arrive à répondre aux besoins mensuels et, si possible, permet d'épargner un peu d'argent.De nombreux citoyens à Aïn Defla disent que le plus important c'est d'avoir de l'argent en poche et peu importe le genre de travail qu'on fait, pourvu qu'il soit légal, pour certains. Ce qui compte pour ces citoyens, c'est de pouvoir empocher leur argent à chaque fin de mois. Et tout le monde en fait autant, même si le salaire diffère d'une personne à une autre.Si c'est là la vision de nombreux citoyens, on en trouve d'autres qui, par contre, ont une autre conception du travail. Refusant de prendre des emplois qu'ils jugent indignes ou trop pénibles, ils préfèrent travailler dans le commerce informel plus lucratif, même s'il n'est pas légal. Mais ce ne sont pas tous les citoyens qui sont prêts à se jouer de la légalité, du moins pas aussi ouvertement. La grande partie de la population, consciente de l'importance du travail, fait de son mieux pour préserver son gagne-pain et, si possible, trouver d'autres sources de revenus. Aussi sont-ils de plus en plus nombreux à opter pour les petits boulots supplémentaires, lesquels rapportent un plus. Mohammed fait partie de ce genre de citoyen. Electricien travaillant dans une société privée, il offre souvent ses services à de nombreux citoyens pour le branchement du réseau d'électricité dans leur nouvelle habitation, et ce, après ses heures de travail. «Mon salaire ne me permet pas de subvenir aux dépenses de ma famille et c'est pour cela que je travaille chez des particuliers à partir de 17h et même les week-ends», dira notre interlocuteur avant d'ajouter que parfois des entrepreneurs font appel également à ses services lors de la réalisation de leur projet.Pour lui, ce travail supplémentaire est fatigant mais il assure un revenu en plus, lui permettant ainsi d'acheter parfois des articles d'électroménager impossibles à acquérir avec le salaire du travail principal.Samir, un architecte, qui a à sa charge une famille nombreuse, travaille dans une direction pour un salaire qui ne suffit pas pour faire face à toutes les dépenses. Il est ainsi obligé d'offrir ses services en matière de conception de plans à des bureaux d'études privés, ce qui lui permet d'obtenir un supplément d'argent. Même chose pour Abed, topographe qui fait des relevés topographiques pour le compte de bureaux d'études privés, et ce, durant ses jours de repos. Fawzi, un plombier exerçant dans une structure étatique n'arrivant pas à gérer ses dépenses vu son salaire, offre aussi ses services en dehors de ses heures de travail. Et ça marche bien pour lui. Parfois, il n'arrive même pas à satisfaire la totalité de sa clientèle. «C'est des petits travaux que j'effectue, pour changer un robinet d'arrêt, placer un chauffe-bain, réparer une fuite… ça me rapporte de l'argent, me permettant d'éviter de prendre des crédits chez l'épicier», dira notre interlocuteur, et ce, avant d'ajouter que la plupart de ses collègues font de même. D'ailleurs, il leur arrive souvent de se passer des clients quand il y a urgence et que l'un d'eux est déjà sur un chantier. A proximité des marchés, les citoyens ont pris l'habitude d'apercevoir souvent des enfants qui vendent différentes galettes de pain. Ils viennent prendre place après les heures d'école. Quand on leur demande pourquoi ils sont là au lieu de faire leurs devoirs ou de jouer comme tous les enfants de leur âge, ils vous expliquent qu'ils sont obligés de prendre ce petit commerce pour aider leur famille, parce que le père a une maigre retraite, ne travaille pas ou n'est plus.«Quand j'étais petit, j'ai vendu des sachets en plastique, du pain, des figues et plein d'autres produits pour collecter un peu d'argent servant l'achat de mes articles scolaires», dira Ahmed, actuellement cadre administratif, qui trouve normal que des enfants optent pour ce genre de vente.Pour lui, cette manière d'obliger les enfants à s'adonner à ce genre de commerce leur permet de connaître la valeur du travail et de l'argent et d'apprendre à se débrouiller, à compter sur eux-mêmes, c'est une façon de développer leur personnalité. Avis discutable… D'autres familles arrivent aussi à gagner de l'argent à travers des travaux de couture que prennent en charge généralement les filles à la maison. Kheira, une femme ayant pourtant un poste de travail fixe, gagne tout autant que son salaire, si ce n'est plus, grâce à la couture. Maîtrisant la machine à coudre et le modélisme, elle s'est constitué une bonne clientèle. Beaucoup de femmes, connaissant son savoir-faire, la sollicitent pour la confection de différentes robes et tenues de mariage.Pour cette femme, ce travail à la maison lui permet d'économiser son salaire et d'aider ses parents dans les dépenses quotidiennes de la grande famille. «C'est un peu fatigant. Ça me prend tout mon temps de repos dont j'ai besoin après une rude journée de travail, mais en contrepartie ça nous permet de nous offrir ce que nous voulons», dira cette femme qui estime que les filles doivent aider leurs parents en apprenant la couture et autres travaux permettant de gagner un peu d'argent supplémentaire. Siham, une jeune fille ayant appris la coiffure auparavant arrive à se faire un peu d'argent en plus puisque de nombreuses femmes viennent se coiffer chez elle particulièrement durant la période des fêtes. Comme tous ceux que nous avons cités, elle travaille au noir parce qu'ouvrir un magasin coûte cher en équipements et en charges. «Mes parents sont contents parce que j'arrive à avoir un peu d'argent permettant d'acheter des produits alimentaires, ce qui réduit la charge sur mon père qui a un maigre salaire», dira Siham qui ajoutera qu'elle arrive, grâce à son travail, à se prendre en charge financièrement, ce qui lui permet de se sentir indépendante.Certaines filles, pourtant toujours à la maison, ne font rien pour aider leurs parents, déplore-t-elle. Elles sont là sans rien faire et ne détiennent aucun savoir-faire ni pour la confection de gâteaux ni dans la couture ou autres. Ces filles ont pourtant des occasions apprendre un métier qui pourrait leur être utile.Linda, une femme active, arrive grâce à ses efforts à aider son père dans la finition des travaux de leur nouvelle habitation, en gagnant des sommes importantes avec la couture et la préparation des gâteaux. Pour elle, dans une famille, chacun doit contribuer de la manière qu'il peut, c'est un effort collectif pour le bien-être de tous. «Nous avons acheté une télévision et une machine à laver grâce à l'argent du travail supplémentaire», dira Linda.Dans les petites villes de l'intérieur, de nombreuses familles optent pour la poterie. La vente des ustensiles préparés à la maison est confiée à des jeunes filles et garçons qui sillonnent les villes ou les revendent à des magasins.Pour Fawzia, aujourd'hui, il est du devoir de chacun des membres d'une famille de participer aux dépenses puisqu'il est impossible qu'une seule personne supporte toute la charge d'une famille nombreuse. Pour cette femme, les factures d'électricité et d'eau arrivent facilement à épuiser le salaire du chargé de famille et c'est pour cela que tous les membres doivent contribuer, chacun avec ce qu'il peut, ce qu'il sait faire. En somme, dans cette wilaya, de nombreux citoyens ont choisi le travail supplémentaire pour répondre aux dépenses qui s'imposent et pour compléter des salaires, lesquels n'arrivent pas, en dépit de leur augmentation, à satisfaire les besoins mensuels d'une famille moyenne.La débrouille et les petits boulots supplémentaires font partie ainsi des coutumes de la société de cette wilaya où le niveau de vie, qui varie d'une région à une autre, l'exige.