De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati Pendant de longues années, les services culturels de la wilaya de Tizi Ouzou ont travaillé avec les moyens du bord, c'est-à-dire presque rien. Que ce soit la Direction de wilaya chargée de la culture, la maison de la culture Mouloud Mammeri de la ville des Genêts ou toutes les associations culturelles qui activaient dans la région, aucune structure ne détenait les équipements nécessaires susceptibles de leur permettre d'organiser des événements culturels d'envergure et de qualité. Il faut dire que la crise économique qui a commencé à affecter notre pays au milieu des années quatre-vingt n'a pas tardé à se répercuter sur le secteur de la culture, le premier à subir les conséquences de l'application des Plans d'ajustements structurels (PAS) imposés à l'Algérie par le Fonds monétaire international (FMI) contre l'échelonnement de sa dette extérieure.La médiocrité s'est installée tout au long des années jusqu'à la décennie 2000 quand la disponibilité des moyens financiers a permis de réanimer le secteur avec des activités très nombreuses mais de médiocre qualité. Mais comment pouvait-il en être autrement quand cette wilaya ne compte que la maison de la culture Mouloud Mammeri comme infrastructure culturelle susceptible d'accueillir des activités d'une certaine envergure ?Les responsables de la culture se retrouvent obligés de louer à prix fort du matériel et autre équipement dans le cadre de leurs activités, comme la sonorisation pour les spectacles de musique, alors que, dans certaines disciplines, à l'instar du théâtre, la mauvaise qualité avait pris le dessus, en partie en raison de cette question d'équipements inexistants ou dérisoires.Mais, les choses dans ce cadre semblent aller dans le bon sens même si la lenteur des procédures et des réalisations brise souvent l'enthousiasme des uns et des autres devant les annonces faites de projets de réalisation ou de réhabilitation qui laissent les gens rêveurs longtemps avant la désillusion. Quelques semaines à peine après le deuxième Festival culturel panafricain, Panaf 2009, dont Tizi Ouzou avait profité avec de beaux spectacles de danse et de chant, le ministère de la Culture avait enfin décidé d'octroyer au secteur de la culture de la wilaya de Tizi Ouzou une grande scène artistique capable d'accueillir n'importe quel artiste de grande renommée.Toutefois, il reste que cela n'est pas suffisant pour une wilaya qui n'a pratiquement rien dans ce domaine. Mais si l'on doit rester positif, on peut considérer cela comme un bon début si l'on fait fi de tous les retards que les projets annoncés en grande pompe comme la transformation en cinémathèque de l'ancienne salle de cinéma Le Mondial et en médiathèque de l'ancienne salle de cinéma Le Djurdjura. Deux projets, faut-il le rappeler, non encore lancés alors que la grande salle de spectacle de 3 000 places et le conservatoire de musique en restent encore au stade d'idées dont personne encore ne sait si seulement elles deviendront un jour des projets ou non.Il y a néanmoins une note d'espoir qui vient du théâtre régional Kateb Yacine de Tizi Ouzou dont les travaux de réhabilitation, même s'ils ont traîné en longueur, touchent à leur fin. L'inauguration est prévue à l'occasion du 56ème anniversaire du déclenchement de la guerre de libération nationale, même si aucune date précise n'a été officiellement annoncée. Mais ce qui encourage la positivité, c'est l'équipement installé et à installer dans les différents locaux du théâtre régional Kateb Yacine. Que ce soit l'éclairage, le son ou la machinerie, tout a été inclus dans le projet de réhabilitation dont l'enveloppe a prévu également environ une dizaine de caméras de télésurveillance pour la sécurité et la climatisation de la grande salle et des salles attenantes, selon M. Aït Mouloud, l'un des membres de la direction de l'institution. Tout cela a été inclus par les pouvoirs publics dans l'enveloppe réservée à l'opération de réhabilitation du théâtre régional Kateb Yacine de Tizi Ouzou que dirige Fouzia Aït El Hadj depuis son transfert de la commune vers la Direction de wilaya de la culture.Mais il est clair que le théâtre régional est dirigé par des professionnels qui ne vont certainement pas se contenter de ce genre de matériel pour des activités théâtrales qu'ils veulent de haut niveau. Ils puiseront donc dans le budget de leur institution pour de nouvelles acquisitions. L'ancienne salle attenante au théâtre régional sera aménagée en loges pour les comédiens, alors qu'une autre pièce sera équipée comme un studio d'enregistrement, notamment pour les musiques et autres chansons devant accompagner les représentations théâtrales. Les dirigeants du théâtre régional comptent également réserver une salle à la danse pour des chorégraphies nécessaires aussi aux pièces théâtrales. Et comme matériel, ils envisagent par ailleurs de se doter de scènes mobiles dans le but de faciliter les déplacements des troupes et leurs prestations dans différents endroits de la wilaya et même au-delà et dont l'acquisition se fera au fur et à mesure, cet équipement étant très onéreux.D'autres équipements seront certainement nécessaires pour le bon fonctionnement et la pérennité du théâtre régional Kateb Yacine de Tizi Ouzou. Les pouvoirs publics seront-ils là quand les responsables du théâtre régional auront besoin d'eux ? Les laisseront-ils travailler comme ils l'entendent, en tant que professionnels, en se contentant de les aider quand le besoin s'en ressentira ?