De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati Le théâtre reste l'une des rares activités culturelles qui n'ont pas cédé devant le désert culturel ayant caractérisé l'Algérie des années quatre-vingt-dix avec ses crises économique et sécuritaire. Cela grâce à la persévérance des jeunes amateurs du quatrième art qui ont continué à jouer malgré l'inexistence de moyens et parfois même d'opportunités de se produire. C'est le cas dans pratiquement toutes les wilayas du pays, dont Tizi Ouzou, où l'aspect identitaire avec sa nature revendicative a contribué de façon indéniable à la résistance de cette activité contre toutes sortes de contraintes, y compris politiques. Des troupes théâtrales donc, issues généralement d'associations culturelles modestes, dans différents villages et villes de la wilaya de Tizi Ouzou n'ont pas manqué durant des années de maintenir le cap de l'activité malgré les risques encourus et les blocages subis. Aujourd'hui, avec la mise en place d'une équipe de professionnels à la tête du Théâtre régional Kateb Yacine de Tizi Ouzou, le quatrième art peut rêver d'une vie meilleure dans cette wilaya qui n'a jamais pensé qu'un jour cette discipline culturelle pouvait disparaître. Plusieurs associations culturelles activant dans la wilaya de Tizi Ouzou avec des moyens dérisoires ont pu briser le mur de la peur et de l'indifférence en continuant à activer malgré tout, faisant vivre le théâtre dans un milieu des plus hostiles. L'insécurité causée par le terrorisme armé et l'étranglement de la culture engagée et revendicative par les pouvoirs publics n'ont pas eu raison de la détermination des troupes théâtrales de la wilaya de Tizi Ouzou à lutter pour la survie de leur activité fétiche et de leur quête démocratique et identitaire. Et pour cela, les troupes théâtrales des amateurs n'ont pas eu de mal à persévérer dans leur résistance à une situation réellement intenable, puisque le public a toujours été derrière elles, et ce, de façon spontanée et instantanée. Les différents comédiens, membres du mouvement associatif, ont opté, dans ce sens, pour le rire et la dérision dans leur traitement de l'actualité politique nationale. C'est aussi cela qui a maintenu l'intérêt du public dans une période faite de deuils et de traumatismes. Et le meilleur exemple dans ce cadre est bien l'association Amezgun N Djerdjer (Le théâtre du Djurdjura) de la localité d'Aït Bouaddou qui, grâce à la persévérance de ses membres, est passée de simples et de petits sketchs à des pièces théâtrales professionnelles de longue durée. La création du Théâtre régional de Tizi Ouzou avec à sa tête une professionnelle de la discipline, Fouzia Aït El Hadj, a également été d'un bon apport même si cela n'a pas été facile au début quand la directrice de cette structure culturelle se retrouvait toute seule à courir à droite et à gauche pour faire naître l'activité du tout nouveau théâtre régional. A l'époque, elle a trouvé quelques éléments volontaires et engagés à ses côtés à l'image de l'homme de théâtre et ancien compagnon de Kateb Yacine, en l'occurrence Youcef Aït Mouloud, qui a tenu à accompagner la directrice dans sa démarche. D'ailleurs, à deux, ils n'ont pas attendu la réhabilitation de l'infrastructure du théâtre Kateb Yacine pour lancer une formation en direction de jeunes éléments du mouvement associatif de la wilaya de Tizi Ouzou, et ce, dans l'écriture théâtrale et la dramaturgie, entre autres.