Dix-huit mois après son lancement, la Tata Nano, considérée comme la voiture la moins chère au monde, n'arrive toujours pas à séduire les clients. Et ce, en dépit des moyens mis en place pour renverser la vapeur.Les ventes de la Nano sont, en effet, en chute libre. Seuls 509 véhicules ont trouvé preneurs en novembre dernier, malgré un marché automobile indien en plein boom. En revanche, d'autres voitures à petit prix se vendent, elles, très bien. En novembre, l'Altos, fabriquée par le groupe Maruti Suzuiki (à capitaux japonais) s'est vendue à 33 000 exemplaires, bien que coûtant 100 000 roupies (1 700 euros) de plus que la Nano. Ce mois-ci, Tata Motors, pour remettre sur les rails sa petite voiture, a offert la «Garantie du bonheur Tata Nano» : garantie étendue à quatre ans, contre 18 mois actuellement, contrat de maintenance pour 99 roupies (1,68 euro) par mois, étude accélérée des dossiers de demandes de crédit pouvant aller jusqu'à 90% du prix de la voiture. Les malheurs de Tata Motors ont démarré bien avant la commercialisation de la Nano. En octobre 2008, le numéro un indien des constructeurs automobiles renonçait à achever son usine de production au Bengale occidental, pourtant construite à 90%.Le groupe était, pour rappel, en conflit depuis des mois avec des paysans épaulés par des militants politiques, ulcérés par la réquisition de terres agricoles pour en faire une zone industrielle.Plus récemment, c'est l'image de la Nano et de sa sécurité qui est ternie, après une série de départs de feu dans une demi-douzaine de véhicules. La vidéo rapportant l'un de ces incidents a été diffusée plusieurs fois à la télévision indienne. Autre problème, le prix de la Nano n'a cessé de grimper. Proposée au chiffre rond de 100 000 roupies à son lancement, elle en vaut à présent 137 000 pour le modèle basique, sans l'air climatisé qui n'est pas un luxe sous le climat indien. «Pour le prix d'une Nano, on trouve sur le marché de bons véhicules d'occasion avec l'air climatisé», note Murad Ali Baig, expert du marché automobile indien. Face à ces résultats, les analystes soulignent que Tata Motors qui dispose de gros moyens financiers peut encore renverser la situation pour cette voiture de seulement 3,10 mètres de long mais dont les experts s'accordent à louer l'espace intérieur.«Le point positif pour Tata est que tous les gens qui possèdent cette voiture sont contents. Le bouche à oreille est un processus lent mais je crois encore que la voiture a du potentiel», déclare Hormuz Sorabjee, éditeur du numéro indien des magazines Automobiles et Autocar.A titre indicatif, depuis sa commercialisation en juillet 2009, la Nano s'est vendue à quelque 71 300 exemplaires. Les analystes tablent sur 80 à 85 000 exemplaires vendus d'ici mars 2011, en-dessous des prévisions initiales. Lors du lancement, Tata avait dit espérer en vendre 30 000 à 50 000 en Inde en 2009 puis 250 000 à 500 000 annuellement. R. E.