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Les chances de créer un Etat palestinien libre, indépendant et autonome s'amenuisent Devant l'échec de la médiation américaine et la poursuite de la colonisation israélienne
Les négociations directes de paix israélo-palestiniennes sont au point mort depuis la vaine tentative américaine à Washington, le 2 septembre 2010, de les relancer, en présence de certains chefs d'Etat arabes. Ce n'est pas un fait nouveau, tout comme ne le sont pas les agressions quotidiennes perpétrées par les colons et les forces de sécurité israéliennes en Cisjordanie, à El Qods-Est et dans la bande de Ghaza contre des populations palestiniennes désarmées. Ces pratiques sont devenues presque un fait banal que les médias traitent tel un fait divers. Mais ce sont les petits ruisseaux qui font les grandes rivières. Et ces événements, regroupés, sont l'indicateur d'une tragédie à venir dont les conséquences ne sont pas un secret de Polichinelle pour les fins analystes du conflit palestinien. C'est en fait l'existence même d'un Etat palestinien avec un territoire et des frontières bien définies qui est remise en cause. C'est la crainte des Palestiniens et d'une majorité des partenaires impliqués dans le processus de paix israélo-palestinien. Il ne se passe pas une semaine, en effet, sans que les autorités coloniales à Tel-Aviv délivrent de nouvelles autorisations pour la construction ou l'extension des colonies juives implantées sur les terres appartenant aux Palestiniens. Assez souvent, il s'agit de terrains desquels ils ont été chassés à coups d'actes de sabotage des puits, d'incendies de leurs champs et étables et d'incursions nocturnes dans les domiciles des habitants isolés. Ces actes d'intimidation finissent par dissuader les Palestiniens qui se retrouvent ainsi contraints de rejoindre les camps de réfugiés installés dans les pays voisins, en Jordanie, en Syrie ou dans le sud du Liban. La construction du mur de «la honte» par les autorités sionistes, devant l'indifférence des Etats-Unis, leur allié stratégique depuis toujours, a accentué ce flux de sans-domicile fixe et de réfugiés. Interdits de travail et de sortie de leurs villages ceinturés par ce mur de séparation, des Palestiniens sont poussés à la révolte et donnent prétexte aux forces de sécurité israéliennes pour user des grands moyens : la répression sauvage des manifestations pacifiques, les arrestations au hasard de tout Palestinien circulant dans la rue et l'emprisonnement avec séance de torture dans les impénétrables forteresses bâties au milieu du désert. Une fois le terrain libre, les engins de nivellement prennent le relais pour laisser émerger de nouvelles constructions qui sont bientôt occupées par de nouveaux colons juifs dont certains foulent le sol de cette «terre sainte» pour la première fois. Le moratoire sur le gel de la colonisation dans certaines zones pendant dix mois, et qui a expiré le 26 septembre dernier, n'a pas eu d'effets significatifs sur la cadence des travaux de construction israéliens en Cisjordanie et à El Qods-Est que les Palestiniens réclament comme leur future capitale. Depuis la fin de ce moratoire que Tel-Aviv a refusé de renouveler pour 90 jours, comme l'avaient souhaité Palestiniens et Américains dans le souci de donner un sérieux coup de pouce au processus de paix, de nouveaux plans de colonies ont été dévoilés par le gouvernement israélien. Plus de 2 000 nouvelles unités de logements seront construites d'ici quelques mois, compromettant ainsi tout espoir d'une poursuite des négociations directes. Les négociateurs palestiniens avaient pour préalable à tous pourparlers directs avec leurs vis-à-vis israéliens l'arrêt total de la colonisation et, accessoirement, la levée du blocus imposé depuis quatre ans à un million et demi de civils palestiniens résidant dans la bande de Ghaza. Les rapports publiés régulièrement par les organisations humanitaires onusiennes ou indépendantes font état de la dégradation de la situation en terre palestinienne et de la montée de la violence sioniste à l'encontre des Palestiniens vivant dans les territoires occupés. Depuis quelques jours, tous les regards se sont focalisés sur la bande de Ghaza, gouvernée par le Hamas que les Israéliens considèrent comme une organisation terroriste et non comme un parti qui a choisi la résistance au lieu de s'engager dans un processus de discussion inutile et vide de sens. La bande de Ghaza a subi une guerre d'agression israélienne durant l'hiver 2008/2009. Le nombre de civils palestiniens tués, en majorité des femmes, des vieux et des enfants, a dépassé les 1 500 sans oublier les 5 000 autres personnes blessées, selon les chiffres des autorités sanitaires palestiniennes. A la veille de la commémoration du deuxième anniversaire de cette guerre sauvage, les Ghazaouis ont essuyé plusieurs tirs de missiles de la part de l'aviation israélienne qui a effectué des dizaines de raids contre Khan-Younès et Meghazi, pour ne citer que ces deux villes. Des civils ont encore été tués et l'armée israélienne semble en train de préparer une nouvelle guerre d'agression qui compromettra toute chance de paix dans les mois à venir. Et pourtant, dans le discours de Washington, Obama avait promis l'établissement d'un Etat palestinien dans un délai d'un an. Trois années sont passées depuis cette promesse à laquelle personne n'a cru. L'Autorité palestinienne est en butte à des luttes internes à cause de la ténacité de Mahmoud Abbas à croire en l'existence d'une pseudo-volonté politique israélienne à signer la paix avec les Palestiniens. D'un autre côté, le conflit opposant le Hamas au Fatah laisse suffisamment de temps à Tel-Aviv pour atteindre ses objectifs de colonisation. D'ici là, il est évident qu'il ne restera pas assez de terres pour bâtir un Etat palestinien libre et indépendant. L. M.