De notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar «La ville est trop sale», peste-t-on souvent à Béjaïa. Le citoyen, qui évoque la prolifération des déchets ménagers et des rats dans tous les quartiers de la cité, débouche immanquablement sur l'ambition ainsi contrariée de faire de Béjaïa une véritable destination touristique. A la mairie, les élus reconnaissent la pertinence du constat et attribuent cette insalubrité au manque de moyens de nettoiement. «Pour toute la ville de Béjaïa, on ne dispose que de 7 engins de collecte des ordures : 5 camions à benne et 2 bennes tasseuses. Afin d'assurer une hygiène correcte, il nous faut au moins 25 bennes tasseuses de capacité supérieure à 8 m3 chacune», répond Sadek Aïssanou, vice-président de l'APC issu de la liste du FNA. «Comme ce peu de matériel, vétuste de surcroît, est employé tout le temps, h24 et 7/7, il tombe constamment en panne. C'est pourquoi les niches à ordures débordent toujours sur la voie publique», ajoute-t-il en guise d'explication. Pour absorber temporairement ce déficit, l'Assemblée a précédemment lancé en vain un marché pour la location d'engins de nettoyage. Aucune manifestation d'intérêt ne lui est parvenue. En guise de solution de rechange, la mairie fait appel à des prestataires privés. «A compter du début de juin prochain, 5 sur les 10 secteurs que compte la ville seront attribués à des entreprises privées. Des contrats de 3 mois renouvenables seront incessamment paraphés par les opérateurs retenus à cet effet. Nos services communaux d'hygiène se concentreront, alors, uniquement sur la vieille ville», ajoute M. Aïssanou qui s'occupe de l'épineux dossier de la salubrité publique. Pour le renforcement de son propre dispositif en la matière, l'APC de Béjaïa a consacré cette année une enveloppe budgétaire de 7 milliards de centimes pour l'acquisition de 4 bennes tasseuses et d'une balayeuse laveuse mécanique. La réception de ces équipements est attendue pour la fin de l'année en cours. Une autre enveloppe de 1 milliard de centimes, issue d'une compensation fiscale, sera par ailleurs consacrée à l'achat de bacs à ordures dont la mise en place est prévue pour le mois de juillet prochain. Les services de l'APC s'apprêtent aussi à lancer une vaste campagne de sensibilisation pour inciter les citoyens à respecter les horaires de dépôt. «Les ménages doivent absolument prendre conscience de l'importance de cette question d'organisation pour garder leur ville propre. Le dépôt des ordures ménagères doit se faire entre 19h et 22h pour permettre aux éboueurs de les lever dans la tranche horaire s'étendant entre 22h30 à 8h du matin», explique le même interlocuteur en annonçant l'entame de l'opération de tri et de récupération des déchets pour le début de l'année scolaire prochaine, ainsi que le redéploiement des balayeurs dans tous les quartiers de la ville comme au bon vieux temps. «Les ressources humaines qu'on gagnera sur les 5 secteurs qui seront prochainement confiés aux opérateurs privés, auxquelles s'ajoutent une cinquantaine d'agents d'assainissement, dossier déjà confié à l'ONA [Office national d'assainissement], seront consacrées au tri des déchets récupérables et à des actions de proximité au niveau des quartiers et des cités résidentielles», termine M. Aïssanou qui promet une amélioration notable de l'hygiène dans la ville de Béjaïa dès le début de la saison estivale. Une promesse qui laisse de marbre le citoyen ordinaire, lequel ne croit désormais qu'aux actes concrets. Attendons donc la saison estivale pour en juger.