En 2011 et 2012, la croissance mondiale devrait atteindre respectivement 3,1 et 3,5%, et rester ainsi inférieure aux 3,6% attendus pour 2010, selon des projections des Nations unies publiées récemment. «Tous les indicateurs» laissent penser que la croissance mondiale sera «plus faible», souligne le rapport de l'ONU cité par Associated Press. «Des risques majeurs pointent toujours à l'horizon», avertit Rob Vos, auteur du rapport, intitulé «Situation et perspectives de l'économie mondiale 2011», dont la version finale sera publiée en janvier prochain.Selon l'ONU, l'insuffisance des créations d'emplois constitue le «maillon le plus faible» de la reprise, et la volatilité sur les marchés des changes accentue l'incertitude économique. «La reprise pourrait subir de nouveaux revers si certains risques baissiers se concrétisent, auquel cas une récession à deux chiffres est à craindre pour l'Europe, le Japon et les Etats-Unis», prévient le rapport. Parmi les «risques baissiers» cités, figurent ceux d'une nouvelle baisse des prix de l'immobilier aux Etats-Unis, et de tensions sur les marchés des changes susceptibles d'inciter au protectionnisme.L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) prévoit une croissance moyenne de 2,8% pour 2010 et 2,3% en 2011 pour sa trentaine d'Etats membres, des pays développés pour la plupart. Elle souligne que la reprise mondiale reste confrontée à des risques, parmi lesquels le niveau d'endettement élevé de plusieurs pays européens.Certains pays non membres de l'OCDE devraient largement contribuer à la reprise. Selon le Fonds monétaire international (FMI), la Chine devrait voir son économie croître de près de 10% en 2010 et 2011. L'Inde, la Russie et le Brésil devraient aussi apporter une solide contribution, avec une croissance attendue pour l'an prochain de respectivement 8,4, 4,3 et 4,1%. Le commerce international va poursuivre son rebond, selon l'OCDE, et devrait connaître une hausse de 8,3% en 2011 et 8,1% en 2012. Sa croissance sera particulièrement forte dans de nombreux pays asiatiques et au Brésil. Mais le taux de chômage moyen dans la zone OCDE - qui regroupe de nombreux pays d'Europe, les Etats-Unis, le Canada ou encore le Japon - devrait rester au-dessus de 8% en 2010 et 2011, avant de reculer à 7,5% en 2012.Les économies d'Asie orientale, qui incluent la Chine, le Japon, la Corée du Sud et Singapour, devraient croître en moyenne de 8,8% en 2010 et de 7,3% en 2011, selon la Banque asiatique de développement. Aux Etats-Unis, la croissance devrait s'accélérer en 2011 pour s'établir entre 3 et 3,6%, contre 2,4 à 2,5% attendus pour 2010, selon les prévisions de la Réserve fédérale. Le déficit abyssal des Etats-Unis ne devrait baisser que d'environ 100 milliards de dollars pour s'établir à 1 200 milliards de dollars, un niveau qualifié d'«extrême» par l'Association nationale pour l'économie d'affaires (Nabe). Dans la zone euro, la croissance devrait reculer en 2011 à 1,5%, en raison du ralentissement de l'économie mondiale et de l'impact des mesures d'austérité dans la région, selon les prévisions de la Commission européenne. Elle devrait être plus robuste en 2012, à 1,8%. L'Allemagne, première économie d'Europe, connaîtra la baisse la plus marquée l'an prochain. La France, deuxième économie d'Europe, devrait de son côté voir son économie croître de 1,6% en 2010 et 2011. Le Portugal, largement considéré comme le membre de la zone euro le plus vulnérable après la Grèce et l'Irlande, devrait replonger dans la récession en 2011. La Grèce devrait, elle, voir son économie continuer à se contracter en 2011. Quant à l'Irlande, son économie devrait croître de 0,9% en 2011.Toutefois, dans les scénarios catastrophe, l'économiste américain Nouriel Roubini prédit que la zone euro, «au mieux, traversera les prochaines années de manière difficile. Au pire, elle éclatera». M. Roubini est certes connu pour ses scénarios catastrophe, mais il est aussi l'un des seuls à avoir anticipé la crise des subprimes. Selon lui, en achetant la dette de l'Irlande et de la Grèce, le FMI et l'Eurozone n'ont fait que retarder le problème. Le prochain gros pays à tomber pourrait être le Portugal, l'Espagne, la Belgique ou la France, qui, selon M. Roubini, n'est «pas tellement en meilleure posture que la périphérie [de la zone euro]». Dans ce cas, il «n'y aurait pas assez d'argent dans les caisses» pour sauver ces pays. Et la zone euro éclaterait. R. C.