Photo : Riad Par Salah Benreguia Après la réalisation des structures en amont pour épauler et rendre prospère et prometteur l'environnement dans lequel vont évoluer les petites et moyennes entreprises (des comités ad hoc, des pépinières…), les pouvoirs publics ont débloqué un montant considérable pour ce segment d'activité. En effet, le programme d'investissements publics du quinquennat 2010-2014 va consacrer 380 milliards de dinars (4 milliards d'euros environ) pour la mise à niveau et la modernisation de quelque 20 000 petites et moyennes entreprises (PME). Ledit montant reflète la volonté de l'Etat de développer à tout prix les petites et moyennes entreprises. Car, en jouant un grand rôle dans le processus de développement économique et social d'un pays, les PME doivent bénéficier d'un droit de regard réel et permanent de la part des pouvoirs publics. En clair, il est de notoriété publique que, par la flexibilité de leurs structures, leurs capacités à s'adapter aux pressions multiformes de l'environnement économique, leur aptitude à assurer une intégration économique et le développement des régions, les PME sont au centre des politiques industrielles. Notre pays, qui ne peut échapper à cette règle basique, tente de bâtir une économie basée essentiellement sur les PME. D'où les différentes décisions prises dans ce sens, lors des diverses lois de finances. Par ailleurs, ce nouveau programme national de mise à niveau des PME, a fait l'objet d'un large consensus autant des pouvoirs publics que des organisations patronales. Et pour cause ! Il est considéré comme l'un des dispositifs phare de la stratégie de l'Etat pour le développement de l'outil national de production. Le programme de mise à niveau, dont les premières actions seront lancées au début du mois de janvier, ambitionne de toucher plus de 20 000 PME évoluant dans des secteurs à forte valeur ajoutée tels que les industries mécanique et électronique, le BTPH, la pêche et les services. Satisfaction et recommandations du patronat Si les différentes organisations patronales semblent être globalement satisfaites de la nouvelle démarche du gouvernement, il n'en demeure pas moins que son succès reste tributaire d'un certain nombre de critères.En effet, les responsables des organisations patronales, cités par l'agence APS, ont fait savoir que la réalisation des ambitieux objectifs assignés à ce nouveau dispositif, exige une mise en application «ciblée» et «efficiente» de son contenu, afin d'éviter toute déperdition d'efforts humains et financiers. Le président du Forum des chefs d'entreprise (FCE), Reda Hamiani, a ainsi estimé que «le contenu [du programme] est bien, mais pour le moment, c'est la version théorique. Les membres du Forum attendent avec impatience sa mise en application». M. Hamiani a indiqué que, pour atteindre l'objectif souhaité, le programme doit être mis en œuvre selon une stratégie «claire» et «opérationnelle» et que les «énormes» ressources financières allouées à ce dispositif parviennent à leurs destinataires, à savoir les PME. Selon le président du FCE, les ressources humaines doivent être placées au centre de cette mise à niveau, sinon elle n'aura jamais les résultats escomptés. Il a préconisé, dans ce contexte, l'établissement d'un lien «fort» et «direct» entre les universités, les centres de formation professionnelle et les PME. Il a indiqué par ailleurs que le report à 2020 du démantèlement tarifaire prévu dans l'accord d'association entre l'Algérie et l'Union européenne, permettra aux entreprises nationales de mieux se préparer à l'accession à la zone de libre-échange, prévue par cet accord. De son côté, Slim Othmani, un des fondateurs de l'association professionnelle Care, a affirmé que «les montants financiers importants annoncés dans le cadre de ce nouveau programme sont au niveau des ambitions de l'Algérie». M. Othmani, qui est également membre de la Taskforce initiatrice du Code de la bonne gouvernance des entreprises, a estimé, en outre, que les pouvoirs publics doivent «cette fois-ci éviter de commettre les erreurs qui ont conduit les programmes précédents à l'échec, telles que la lenteur de la mise en œuvre et les procédures bureaucratiques». Il a appelé, dans ce sens, à une mise en application «flexible» et «rapide» du nouveau programme qui témoigne, selon lui, d'une réelle prise de conscience des pouvoirs publics de l'impératif de contribuer au soutien et au développement des PME. «Il ne doit plus être question dans le cadre du nouveau programme d'étaler une seule action de mise à niveau sur 18 et 24 mois», a-t-il ajouté.Du côté de la communauté bancaire, le nouveau dispositif doit être basé sur des actions ciblées et rapides. Le délégué général de l'Association des banques et des établissements financiers (Abef), Abderahmane Benkhalfa, a estimé que le programme de mise à niveau annoncé est un programme d'envergure par ses axes et ses moyens financiers. «Ce programme est intéressant aux yeux des banques puisqu'il tend à rendre les entreprises plus fortes et donc plus solvables». «Une mise en œuvre soutenue du dispositif permettra une plus grande mobilisation des capacités financières des banques», a-t-il ajouté. Une agence pour la mise à niveau des PME Le directeur général de la promotion des PME au ministère de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement, M. Ammouri Brahiti, a fait voir, de son côté, que les premières actions de mise à niveau seront menées par l'Agence nationale de développement des PME (Andpme). En effet, la tâche de prise en charge des adhésions des entreprises intéressées par ce programme de mise à niveau des PME a été confiée aux délégations régionales de cette agence, en collaboration avec les directions de wilaya et les centres de facilitation. La même source soutient que ce nouveau programme consiste à renforcer les capacités de gestion et d'organisation, à améliorer la qualité des produits, à former les personnels et à appuyer les investissements matériels de ces PME. L'Algérie compte actuellement 607 297 PME. Quelque 23 400 nouvelles PME avaient été créées dans ce pays au cours du premier semestre de 2010.