Photo : M. Hacène De notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar Après quatre jours consécutifs de violence, la wilaya de Béjaïa a renoué hier avec le calme. Les affrontements avec les forces de l'ordre et les actes de vandalisme ont simultanément cessé dans toutes les localités. Les derniers foyers de tension ont été éteints par les citoyens eux-mêmes. Les principaux axes routiers ont été rouverts à la circulation. Les transporteurs ont repris le service et les usagers ont pu vaquer de nouveau à leurs affaires. Une reprise qui reste cependant timide puisque la densité du trafic sur la RN 9 (Béjaïa-Sétif) et la RN 26 (Béjaïa-Bouira) a été bien en dessous de la normale. Les routiers et les camionneurs ont été peu visibles, mais la propagation de cette nouvelle ne tardera pas à intensifier le flux. La majorité des écoliers ont rejoint les classes. Après l'appel de la Direction de l'éducation (DE) à la reprise des cours, c'était au tour de la Fédération des associations de parents d'élèves (Fape) d'exhorter ses adhérents à envoyer leurs enfants à l'école. L'administration publique, notamment les APC, a également repris le service. Les agents communaux, soutenus par de nombreux bénévoles parmi les citoyens, se sont mis à nettoyer les chaussées et les placettes publiques. Dans des communes comme Kherrata et Darguina, des volontariats ont été organisés par les habitants pour lever les gravats et les débris qui jonchent partout le sol. Dans ces deux dernières municipalités, ce sont ces mêmes citoyens anonymes qui ont contraint les derniers «émeutiers» à retirer les barricades qui entravaient encore les voies de communication. A Souk El Tenine, le marché hebdomadaire a ouvert normalement ses stands aux ménagères. La même ambiance a été signalée dans d'autres localités comme Tichy, Aokas ou Melbou. Au chef-lieu de wilaya, le mouvement associatif, les élus locaux et les pouvoirs publics ont organisé une rencontre commune pour calmer durablement la situation. Des actions de proximité ont été programmées pour expliquer aux jeunes les tenants et les aboutissants de cette hausse «criminelle» des prix la consommation de base. Le même calme a caractérisé également les localités de la vallée de la Soummam. Amizour, El Kseur, Sidi Aïch, Akbou, Tazmalt et Ouzellaguen pansent aussi leurs plaies. Les places publiques ont été lavées à grande eau et des tonnes de décombres ont été évacuées vers les décharges publiques. Dans un premier bilan, les autorités ont dénombré 391 policiers blessés dont 11 toujours hospitalisés. Côté émeutiers, on a enregistré 180 blessés dont 2 encore en observation médicale. Au chapitre des dégâts matériels, on parle de 495 logements squattés, 4 tribunaux incendiés, 7 établissements scolaires et un internat vandalisés, au moins cinq agences bancaires brûlées, les agences de l'Algérienne des Eaux (ADE) et celles de la Sonelgaz ont été également incendiées dans au moins six communes. A cela s'ajoutent plusieurs recettes des impôts, des bureaux de poste, des établissements culturels, des sièges d'APC et de daïra, l'éclairage public et d'autres biens du patrimoine étatique. Afin de remédier à tout cela, les autorités promettent de tout mettre en œuvre pour réparer tous les dégâts dans les meilleurs délais.