Photo : S. Zoheïr Par Badiaa Amarni Après une semaine marquée par une flambée sans pareille, les prix commencent à revenir à la normale, mais l'application des mesures annoncées par le gouvernement se fait de façon plutôt timide. Chez l'un des rares commerçants de détail au niveau de la place du 1er-Mai, le sucre est vendu à 95 DA le kilogramme. Ce produit de Cevital a été acheté, avant-hier, chez le grossiste au prix de 90 DA le kilo, avons-nous appris, hier, du détaillant que nous avons sollicité pour s'enquérir de la situation de la mercuriale des produits alimentaires de première nécessité. Ce même marchand, qui dispose encore de l'ancien stock acquis avant la flambée des prix qui a secoué le marché et tout le pays avec, vend aussi le kilo de sucre à 90 DA. Selon notre interlocuteur, dont le fils s'approvisionne chez les grossistes de Bachdjarah, la situation redevient normale puisque même l'huile est cédée à 570 DA chez ces derniers, comme décidé à la dernière rencontre du ministre du Commerce avec les producteurs de ces denrées alimentaires, avant d'atterrir chez le détaillant au prix de 600 DA.Ce vendeur nous apprend que des contrôleurs des prix sont passés pour s'entretenir avec lui sur la situation à son niveau. Les questions étaient bien précises et concernaient pour l'essentiel le stock existant au niveau du magasin et son prix d'achat. Un autre détaillant non loin de là nous a confirmé cette information, précisant que ces contrôleurs ont promis que la situation se stabilisera d'ici la fin de la semaine. A propos de l'information faisant état du remboursement de la différence des prix aux détaillants par les grossistes, lesquels seront remboursés par les producteurs, les commerçants disent ne pas trop y croire. «Cela m'étonnerait. Nous allons sûrement être dans l'obligation de vendre à perte.» De plus, ajoute-t-il, «beaucoup de grossistes vendent sans établir de factures. Comment vont-ils nous rembourser alors ?» De nombreux commerçants nous ont fait part de leur sentiment profond, estimant que l'activité commerciale se délite dans notre pays. L'un d'eux avouera qu'il est en train d'écouler son stock avant de baisser rideau et de changer d'activité. «Ce n'est pas possible de continuer à travailler dans des conditions pareilles quand, du jour au lendemain, les prix augmentent pour baisser juste après, nous causant d'énormes pertes.» Un épicier de la place du 1er-Mai est allé jusqu'à refuser de vendre son sucre à un client à 120 DA, préférant prétexter le manque de ce produit au lieu de le lui vendre cher, d'autant qu'il a appris que certains commerçants ont acquis un nouveau stock qu'ils revendent à 95 DA. «Je préfère attendre et même vendre à perte que de perdre mes clients habituels», affirme-t-il. La situation commence à devenir normale avant que les prix ne se stabilisent dès la fin de cette semaine ou le début de la semaine prochaine.