Photo : S. Zoheïr Par Mekioussa Chekir Le ministre d'Etat et représentant personnel du président de la République, Abdelaziz Belkhadem, a plaidé hier pour un encadrement du commerce informel tant que les activités auxquelles s'adonnent les jeunes ne sont pas nuisibles. Citant l'exemple de l'Egypte dont l'économie informelle représente 80%, l'hôte de la Chaîne 1 de la radio nationale a estimé nécessaire d'empêcher le monopole de l'Etat ou des personnes sur les produits de première nécessité. «Pour tout produit, il faut absolument éviter le monopole», a-t-il expliqué en préconisant la présence de nombreuses entreprises qui favoriseraient la concurrence, mais au service du consommateur. L'intervenant a plaidé, à ce propos, en faveur de la disposition d'un stock national de sécurité en sucre afin de casser le monopole sur ce produit et d'éviter pareils scénarios à l'avenir. De même pour les graines d'huile dont il faut encourager la production afin de couper la route aux spéculateurs, aussi bien de l'intérieur que de l'extérieur. A la question de savoir si des «parties» qui s'estimaient lésées par les réformes engagées par le gouvernement étaient derrière les émeutes, l'hôte de l'émission «Tahaoulet» a reconnu en demi-teinte cette possibilité. Quant à savoir si une «main étrangère» est impliquée, il rétorquera en ces termes : «Honnêtement, je ne peux affirmer ou infirmer cela, mais ce qui est certain, c'est que ces événements ont terni l'image du pays à l'intérieur et à l'extérieur.» Tout en estimant que la situation est différente du soulèvement d'octobre 1988, l'intervenant met en avant la stabilité et la santé financière du pays, contrairement à cette époque où il avait frôlé la faillite. Reconnaissant l'existence d'une fracture sociale, Belkhadem a tenu à mettre en exergue les investissements de l'Etat pour juguler le phénomène du chômage qui a atteint, en 2010, le seuil des 10%. Il dira à ce sujet : «Le marché du travail ne peut pas répondre à la forte demande et réduire le nombre des sans-emploi qui augmente chaque année.» Endossant la casquette du secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Abdelaziz Belkhadem s'est défendu que son parti et ses militants soient restés inactifs devant la tournure prise par les récentes contestations de jeunes : «Nous avons plusieurs militants qui ont protégé des biens publics dans différentes wilayas et nos élus locaux se sont concertés avec les pouvoirs publics pour faire face à la situation.» Tout en dénonçant le recours à la violence et au pillage, le premier responsable du FLN invite les manifestants à s'exprimer dans un cadre organisé : «Ils peuvent organiser un rassemblement après en avoir reçu l'autorisation sauf pour Alger ou l'état d'urgence est toujours maintenu à titre préventif, car il arrive qu'un attentat soit commis. Pour la capitale, ils peuvent aussi demander une autorisation pour organiser une manifestation dans un lieu fermé et c'est aux organisateurs d'en assurer la sécurité.» Et de revenir en charge sur la nécessité de condamner le colonialisme qui est un «crime», éventuellement lors des prochaines sessions du Parlement. Réagissant aux récentes mesures prises par la France à l'encontre des hommes d'affaires pour l'obtention de visa, Belkhadem a déploré la manière dont la France appréhende ses relations avec l'Algérie : «Notre argent est le bienvenu, mais pas nos citoyens !»