Depuis le 2 septembre 2010, date symbolique de la relance des pourparlers de paix directs israélo-palestiniens, le gouvernement de Tel-Aviv s'est refusé à toute concession concernant ses projets de colonisation. Dévoilant chaque jour de nouveaux plans de construction en Cisjordanie et à El Qods-Est occupées, le gouvernement de droite de Benyamin Netanyahou a réussi à remettre en cause tous les efforts de paix consentis par la communauté internationale. Avec l'annonce du futur lancement d'un chantier de 1400 nouvelles unités de logements à El Qods-Est, M. Netanyahou semble confirmer son refus à revenir à la table des négociations. Devant des dirigeants palestiniens divisés et qui se livrent une guerre de tranchées en Cisjordanie et dans la bande de Ghaza, Tel-Aviv en profite pour isoler et acculer le peuple palestinien dans des zones arides et dépourvues d'un minimum de conditions de survie. Les colons israéliens délogent, détruisent et squattent des terres arables qui appartiennent à des Palestiniens contraints de fuir de peur d'être tués par les balles assassines des forces de sécurité de l'armée sioniste. De nouveaux bâtiments et de nouvelles cités coloniales voient ainsi le jour, suscitant des contestations locales et internationales sans le moindre effet sur le terrain. Un professeur d'université israélien, Ilan Pappe, a récemment publié un livre où il a démoli la version officielle de l'histoire de la Palestine, telle qu'elle est vue par ses compatriotes. Dans The Ethnic Cleansing of Palestine (London and New York : Oneworld, 2006), l'auteur révèle en fait le secret de la démolition de plus de 200 villages palestiniens au début de l'occupation israélienne de la Palestine en 1948. «Ce livre a révélé les mensonges des premiers fondateurs de l'entité sioniste lorsqu'ils ont dit que les territoires de Palestine étaient vides sans peuple, et que les Arabes ont quitté volontairement leurs villages, tout en affirmant la réalité des massacres par les Juifs contre les Palestiniens arabes dans plus de 200 villages en Palestine», lit-on dans la présentation du livre qui lui a valu son limogeage de l'université de Haïfa et son exil en Grande-Bretagne. Ce que raconte M. Pappe dans son livre n'est que la partie visible de l'iceberg au sujet de la stratégie d'expansion israélienne en Palestine et de sa politique d'hégémonie dans toute la région du Proche-Orient. Israël occupe aussi le plateau du Golan qui appartient à la Syrie et utilise les ressources hydriques du Jourdain sans modération. Au nord, elle n'offre aucun répit au Liban où ses agents secrets sont très actifs et profitent de la moindre brèche pour déstabiliser ce pays qui vient à peine de sortir d'une guerre civile qui a duré plusieurs décennies. A la frontière égyptienne, côté sud-ouest, la bande de Ghaza est soumise à un blocus économique à l'allure d'un génocide ethnique contre près de deux millions de civils palestiniens. L'enjeu énergétique Cette ambiance tendue dans toute la zone et les pays voisins d'Israël n'est pas le fait du hasard. L'état de guerre arrange Tel-Aviv qui peut ainsi justifier ses dépassements armés aussi bien contre les Palestiniens, que les Syriens et les Libanais. Elle en fait même sa source de survie. Israël a besoin de la guerre pour exister mais ce n'est pas uniquement pour cette raison. Les côtes orientales de la Méditerranée regorgent d'importants gisements de gaz et de pétrole que l'entité sioniste veut exploiter à elle seule. Ainsi la guerre menée par Israël contre les Palestiniens de la bande de Ghaza est directement liée au contrôle des ressources énergétiques en mer et qui reviennent de droit à la Palestine, selon les experts du droit international. Ces réserves énergétiques ont été découvertes au début de 2002. «La question de la souveraineté sur les gisements gaziers de Ghaza est cruciale. D'un point de vue légal, ces réserves appartiennent à la Palestine. La mort de Yasser Arafat, l'élection du gouvernement du Hamas, ainsi que la débâcle de l'Autorité palestinienne ont permis à Israël de prendre de facto le contrôle de ces réserves», a expliqué Michel Chossudovsky, chercheur à l'université d'Ottawa au Canada. Les pressions exercées sur les pêcheurs palestiniens de la bande de Ghaza trouvent donc leur explication dans la volonté israélienne à mettre la main sur le pétrole et le gaz auprès des côtes ghazaouies. «En 2007, l'UNHCR a écrit un rapport sur le déclin de l'industrie de la pêche à Ghaza et souligné l'importance de permettre aux pêcheurs de vaquer chaque jour à cette industrie vitale. Historiquement, la pêche a été la bouée de sauvetage du peuple ghazaoui. Elle a été une part très importante de sa vie quotidienne et de ses ressources alimentaires. L'ONU a permis l'établissement des Accords d'Oslo, profondément imparfaits, pour la décimer», a indiqué Peter Feyre, spécialiste du Moyen-Orient. Avec l'intensification de la présence de la marine israélienne au large des côtes ghazaouies et son harcèlement de la population locale, les pêcheurs palestiniens ne pouvaient plus s'aventurer à plus de trois kilomètres du large au risque de voir leurs petits navires couler. Ce qui laisse le champ libre aux compagnies pétrolières israéliennes et occidentales d'opérer, évidemment sous l'œil bienveillant de Tel-Aviv et du Mossad, l'appareil des services de renseignements israéliens. La quantité des réserves pétrolières situées dans le territoire maritime libanais serait encore plus importante mais la bataille autour de la définition des frontières maritimes entre Israël et le Liban risque de priver les Libanais d'une partie importante de cette richesse énergétique. Le journal italien Il Manifesto a récemment révélé que le gisement offshore de Tamar (en Méditerranée orientale) sera mis en exploitation à la fin de l'année 2012. Le projet est d'ores et déjà confié à un consortium international chapeauté par les Américains. «Dans le bassin du Levant, l'agence gouvernementale états-unienne, U S Geological Survey, estime les réserves de gaz existantes à plus de 3 500 milliards de m3 et à 1,7 milliard de barils celles du pétrole. On se prépare donc à de grandes affaires: en une année, l'indice énergétique de la Bourse de Tel-Aviv a augmenté de 1700%», a précisé Il Manifesto, expliquant indirectement le pourquoi du refus d'Israël de lever son blocus sur la bande de Ghaza (qui dure depuis quatre ans) et pourquoi elle tente régulièrement sa chance de mettre le feu aux poudres au Liban, en Syrie et en Jordanie. La guerre larvée autour du contrôle de l'énergie gazière et pétrolière dans la région explique aussi le silence américain et ses concessions concernant la question de la poursuite de la colonisation israélienne de terre occupée palestinienne. Autrement dit, Israël a tout intérêt à voir ses voisins tout le temps secoués par des crises politiques et mieux encore, l'occupant sioniste est prêt à déclencher des conflits armés avec eux dans le seul but de sauvegarder ses intérêts énergétiques dans la région. Aidées par les Etats-Unis et le silence complice des Nations unies, les autorités israéliennes peuvent, par ailleurs, poursuivre tranquillement leurs projets de colonisation dans le territoire palestinien. Cela lui permet aussi de détourner l'attention de ceux qui œuvrent à l'établissement d'un Etat palestinien libre et indépendant et à l'instauration d'une paix durable dans toute la région du Proche-Orient. L. M.