Devant être traitée hier de manière irréversible après trois reports, l'affaire dite des vaccins périmés de l'Institut Pasteur d'Algérie (IPA) a été de nouveau ajournée à la demande de la défense de Mme Touabti, ex-directrice commerciale. Celle-ci, après que le président du tribunal près la cour d'Alger eut procédé à l'appel de l'ensemble des prévenus, dont l'un est en fuite, a été prise de malaise. Il s'agit d'un pic de tension. Le juge Benkherchi apprendra qu'elle venait de subir une intervention chirurgicale. Il lui demande de se rasseoir, aidée par une coprévenue. Le magistrat, embarrassé, demande aux robes noires constituées pour la défense des onze accusés s'il ne fallait pas reporter le procès. Ils refusent à l'unisson, considérant que l'affaire a connu beaucoup de reports et qu'il y a parmi les inculpés un détenu depuis janvier 2010. Mme Touabti ne se sentant toujours pas bien, le juge Benkherchi décide du renvoi de l'affaire au 9 février prochain malgré le refus des avocats. Ce qui n'a pas été du goût des défenseurs de M. Omani (détenu). La réplique du président de l'audience ne s'est pas fait attendre. «Pourquoi ce qui est bon pour vous ne l'est pas pour les autres ?» leur demande-t-il. Et d'ajouter : «la dernière fois, c'est votre client qui avait demandé l'ajournement parce qu'il n'était pas en état d'être jugé. C'est du droit de Mme Touabti de demander un report en raison de son état de santé.» Auparavant, les avocats de la défense avaient introduit des requêtes de vice de forme invoquant la prescription. L'affaire remonte en effet à 2005. Et ce n'est qu'en 2009, soit quatre années plus tard, que les poursuites ont été engagées. Me Chorfi nous expliquera à la sortie de l'audience qu'«entre 2005 et 2009, aucun acte n'a été introduit, aucune plainte n'a été déposée. Ce n'est qu'en 2009, pour couvrir l'affaire des vaccins N1H1 rejetés, que l'on a actionné la justice pour le cas qui nous intéresse aujourd'hui». Rappelons que l'ex-directrice commerciale de l'IPA est à l'origine de l'éclatement de cette affaire à travers la saisine du ministère de la Santé à propos de l'importation de vaccins périmés. Douze cadres de l'IPA et l'intermédiaire entre l'Institut et les deux laboratoires étrangers sont impliqués, selon l'accusation. Ils ont été condamnés en première instance à des peines allant de deux à dix ans de prison ferme (pour l'ex-P-DG en fuite) pour passation de marchés contraire à la règlementation, complicité, corruption et perception de privilèges indus. Des relaxes ont également été prononcées. Ceux qui risquent la prison ont interjeté appel devant la cour d'Alger, tout comme le parquet qui a estimé ne pas avoir été suivi dans son réquisitoire. Mme Touabti se retrouve donc parmi les inculpés. Elle a été comparée par son avocat à la pneumologue française, Irène Frachon, par qui le scandale du Médiator 150 mg arriva, ce qui a valu au laboratoire Servier une condamnation. Celle-ci, après un long combat du fond de son département, a tenu bon et a même édité un livre pour dénoncer les effets induits par le médicament qui aurait fait beaucoup de morts chez les diabétiques. F. A.