De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani La rencontre de vendredi dernier du wali de Annaba avec la société civile n'a pas vraiment convaincu les jeunes présents en force à cette initiative qui se voulait un rapprochement avec les administrés. Si le wali s'est longuement étalé sur le programme qu'il compte mettre en œuvre pour juguler la crise du logement et celle plus grave du chômage qui fait des ravages dans les milieux jeunes et moins jeunes, il n'a cependant pas convaincu une assistance blasée et échaudée par les promesses faites auparavant par les uns et les autres, promesses qui n'ont jamais été tenues. L'offensive de l'administration locale en ces moments d'incertitude, où l'on assiste presque chaque jour à des tentatives de suicide à travers le pays est venue pour tenter d'absorber la colère des dizaines de milliers de chômeurs et des mal logés. Dans son intervention, le premier responsable de la wilaya a annoncé que des mesures ont été prises pour faciliter à tous l'accès aux différentes formules d'emploi, incluant les dispositifs, Angem, Ansej et Cnac en dehors des projets locaux ayant trait à l'amélioration du cadre de vie des citoyens, aménagement, éclairage public, bitumage des voies et autres. Dans sa lancée, le wali dénonce les retards accumulés par la SEATA (Société des eaux et assainissement El Tarf-Annaba) dans l'exécution des travaux qui lui ont été confiés, ce qui n'a pas permis le lancement des projets locaux. «Le coupable» est tout désigné et la wilaya compte écrire au ministère des Ressources en eau pour demander l'affectation de ces travaux à la Direction de l'hydraulique. «Si ces retards sont si importants et bloquent comme il dit les projets, nous dit un jeune non sans ironie, c'est lui le premier responsable de la wilaya, pourquoi n'a-t-il pas pris de mesures ? Et il vient nous raconter ça !»Toujours dans le volet chômage, le chef de l'Exécutif affirmera que sur les 1 200 locaux professionnels inscrits, 1 015 seront bientôt attribués et que le reste suivra. Il faut ici signaler que la plupart de ces locaux qui traînent depuis des mois ont été dégradés et vandalisés et, pour certains, éventrés et squattés par des intrus. Ce retard dans l'attribution est dû au fait que la demande des jeunes dépasse largement le nombre de ces locaux et que leur attribution poserait problème et amener des protestations qui pourraient être violentes. Sur ce point précis, un jeune chômeur pas très convaincu, nous confie qu'il a formulé une demande en ce sens et qu'il attend comme tout le monde «Je vais voir à qui ils vont donner ces locaux et si certains pistonnés figurent sur la liste, il y aura de la casse !» Abordant la question épineuse du logement, le wali annoncera que, dans les tout prochains jours, 1 962 unités seront attribuées et que cela atténuera un peu la pression avant que d'autres attributions ne suivent. Sur ce point précis, il faut dire que le problème du logement ne sera jamais réglé tant que la situation n'est pas vraiment assainie. En effet, les différents recensements de l'habitat précaire effectués par les services compétents sont à chaque fois faussés par de nouveaux arrivants qui exigent d'être portés sur les listes, d'autres, déjà bénéficiaires ont revendu leurs logements pour acheter des véhicules et revenir une deuxième fois habiter dans ces taudis, une manière comme une autre de s'enrichir sur le dos de l'Etat, éternel pigeon qui se fait avoir à tous les coups. Cette rencontre qui sera suivie d'autres, selon le chef de l'Exécutif, n'est pas une première à Annaba puisque d'autres ont eu lieu auparavant mais, cette fois, c'est une approche différente avec cette volonté d'être plus à l'écoute d'une jeunesse qui ne croit plus en rien. Une jeunesse difficile à convaincre même si les représentants des associations se disent satisfaits, la réalité, la dure réalité, est ailleurs, elle est dans les quartiers pauvres où les milliers de chômeurs s'entassent, elle est du côté de Sidi Salem où on prépare «sa traversée» vers la Sardaigne, elle est du côté des marchés de l'informel qui pullulent. Les promesses pour eux sont sans lendemain. Des lendemains qui déchantent.