Photo : S. Zoheir Par Smaïl Boughazi Après avoir décidé d'adopter le crédit documentaire (Crédoc) comme seul mode de paiement des importations, les pouvoirs publics avaient décidé de dispenser les petites et moyennes entreprises (PME) de cette mesure qui s'est avérée contraignante pour bon nombre de PME qui arrivant juste sur le marché et dont les besoins en importations se limitent à la pièce de rechange ainsi qu'aux matières premières. En fait, la loi de finances complémentaire 2010 a dispensé les PME de l'obligation du recours au crédit documentaire pour l'importation des pièces détachées ou des intrants, dans la limite de 2 millions de dinars par an. L'on se rappelle les appels incessants des chefs d'entreprise adressés aux pouvoirs publics d'alléger cette mesure pour les entreprises productrices ou à faible trésorerie. Ainsi, le gouvernement, qui a répondu favorablement à cette demande, a jugé que les entreprises productrices méritent d'être soutenues et appuyées. Ce que les chefs de certaines entreprises ont salué. Cette mesure, selon certains gérants de PME, est une bouffée d'oxygène pour les unités qui ne disposent pas d'une trésorerie capable de mobiliser des sommes énormes durant des mois pour l'acquisition de pièces de rechange et de matières premières. Ils expliquent toutefois que la limitation de la somme à importer demeure toujours un handicap. Bien qu'il effectue ses achats avec le crédit documentaire, un producteur affirme qu'il n'a pas eu vent de cette mesure et que les banques ne la proposent pas pour le moment. En fait, selon certains opérateurs économiques, plusieurs mois après de sa promulgation dans la loi de finances 2010, les textes d'application relatifs à cette mesure n'ont pas été encore publiés. Ce qui explique que bon nombre de PME soient toujours pénalisées par le Crédoc. Et c'est la raison pour laquelle certains opérateurs ne cachent pas que des allègements, voire la suppression de cette mesure pour les PME productrices, s'imposent. On explique, en effet, que, contrairement aux sociétés d'importation, «les PME sont des entreprises qui créent des r chesses et emploient des jeunes et le crédit documentaire, destiné à freiner les importations, ne fait que profiter aux fournisseurs et retardent les approvisionnements». Certains producteurs ne cachent pas leur souhait de voir les pouvoirs publics «aller un peu plus loin» dans le soutien accordé aux entreprises productrices. Ils estiment que ce secteur qui crée de la valeur ajoutée mérite l'attention de l'Etat au moment où les importations du pays connaissent des niveaux très élevés. Et au passage, on s'attend même à la suppression de cette mesure pour une catégorie d'entreprises. Il y a lieu de noter qu'à ce sujet, plusieurs mesures ont été déjà décidées afin d'épargner aux PME les freins mis par l'Etat aux importateurs de tout bord. D'autres mesures ont déjà vu le jour Des «corridors spécifiques» visant à familiariser les PME productrices avec le Crédoc ont été déjà mis en place. Il s'agit d'un ensemble de mesures de nature organisationnelle qui constitue un apport de la communauté bancaire, sur forte recommandation des pouvoirs publics, pour faciliter aux PME productrices l'importation des matières premières, des composants et des produits semi-finis nécessaires à leur production, selon les responsables bancaires. Les mesures consistent à faciliter l'accueil au niveau des agences des banques, à étudier les dossiers, les coûts et commissions, les délais de mobilisation du Crédoc, le financement en dinars du Crédoc, la liste des correspondants à l'étranger. Pour revenir à la question du crédit documentaire, il y a lieu de signaler qu'outre les petites et moyennes entreprises, qui ont été touchées par cette mesure, de grandes entreprises ont aussi réclamé des mesures d'assouplissement en raison des retards qu'elles connaissent dans leurs approvisionnements. Plusieurs organisations patronales telles que la Confédération des industriels et producteurs algériens (Cipa) et la Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA) sont montées au créneau pour revendiquer des mesures d'allégement. Les patrons avaient demandé que l'application de ce mode de paiement touche uniquement les importations de produits finis. Ils ont également assuré que la suppression de cette disposition est nécessaire pour les entreprises créatrices de valeur ajoutée qui sont dans l'incapacité de mobiliser des fonds importants pendant une période dépassant souvent trois à quatre mois pour l'achat des matières premières. Celles destinées à la transformation ont été aussi intégrées à cette liste. Le ministre des Finances, Karim Djoudi, pour justifier cette mesure avait indiqué que «l'objectif que l'on souhaite atteindre, c'est fondamentalement d'avoir une meilleure transparence dans les flux commerciaux et financiers. Si l'on abandonne le Crédoc, il est évident qu'on replongera». Signalons enfin que les importations du pays ont atteint 40,21 milliards de dollars en 2010, contre 39,29 en 2009, accusant une hausse de plus de 2,3%, après avoir connu une légère baisse durant les neuf premiers mois de l'année précédente.