Photo : S. Zoheir Par Ali Boukhlef Il était attendu que les réactions des partis politiques à propos de la décision du président de la République de «lever prochainement» l'état d'urgence allaient diverger. De l'Alliance présidentielle qui applaudit à l'opposition qui prend acte, jusqu'à la coordination «pour le changement» qui maintient sa marche du 12 février, les avis sont nuancés.Pour le Rassemblement national démocratique du Premier ministre Ahmed Ouyahia, les mesures annoncées jeudi par le Conseil des ministres «prouvent encore une fois la bonne santé et la réalité de la démocratie» dans le pays. Le parti a estimé, dans un communiqué diffusé jeudi après-midi, que les décisions sociales et économiques annoncées lors de ce Conseil «prouvent […] la volonté de l'Etat de rattraper tout retard dans le développement social dans notre pays».Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) de Bouguerra Soltani a estimé, quant à lui, que cette décision «est la bienvenue, puisqu'elle ne sert plus d'alibi à certains partis». Le parti islamiste, membre de l'Alliance présidentielle, est le seul parti gouvernemental à demander la levée de l'état d'urgence. Côté opposants, les réponses sont plus tranchantes. Le Rassemblement pour la culture et la démocratie a indiqué, dans un communiqué rendu public quelques heures après la diffusion de la décision du chef de l'Etat, que cette annonce est «une manœuvre dangereuse». «Au lieu de répondre à des aspirations populaires légitimes de demande de changement d'un système politique qui a ruiné la nation et asservi le peuple, au lieu de prendre la mesure des périls qui guettent l'Algérie, le pouvoir choisit un week-end pour s'assurer du monopole de la communication et s'essaie encore à la manœuvre et aux provocations pour créer la diversion», indique le parti de Saïd Sadi qui précise qu'il maintient sa position de participer à la marche de samedi prochain. «A l'heure du terrorisme résiduel, à l'heure où le pouvoir proclame le succès de sa Charte pour la paix et la réconciliation, on ne peut que s'interroger sur les motifs qui poussent le chef de l'Etat à substituer une loi d'exception en lieu et place de l'état d'urgence», a affirmé, hier, le premier secrétaire national du FFS. «Le peuple algérien veut la démocratie pour bientôt, pour demain», a poursuivi Karim Tabbou lors de l'ouverture de la session de l'école de formation politique du parti, tenue hier matin à Alger. La décision de lever l'état d'urgence et d'interdire les marches à Alger consacre une situation de «confusion», relève de son côté le mouvement Islah, dans un communiqué signé par son secrétaire général, Djamel Benabdesselam. Il demande au pouvoir de «clarifier sa position» et de «lever l'état d'urgence dans le mois en cours».Le Parti des travailleurs fera connaître sa réaction aujourd'hui. Louisa Hanoune animera à Alger un meeting «programmé depuis un moment» où elle donnera sa version des faits.