Les adeptes du régime au Yémen ont renforcé leur présence sur la place Tahrir à Sanaa, où la contestation populaire va en s'amplifiant. Des portraits du président Ali Abdallah Saleh et des drapeaux aux couleurs nationales ont été dressés sur cette place fortement contrôlée par des hommes en armes et des forces de sécurité, alors que s'y activaient des centaines de partisans du Congrès populaire général (CPG), le parti au pouvoir. Le CPG a pris le contrôle de la place Tahrir, délogeant l'opposition qui a dû organiser, jeudi dernier, une manifestation dans les alentours de l'université de Sanaa. Des membres de la police secrète ont été déployés dans des immeubles situés autour de la place Tahrir, y compris un bâtiment abritant les services de renseignement, selon les agences de presse. Le pouvoir entend ainsi priver l'opposition de cette place stratégique, en plein centre de Sanaa, pour les protestations populaires qu'elle organise depuis la mi-janvier, boostée par la révolte tunisienne et les violentes manifestations en Egypte réclamant le départ du président Hosni Moubarak. La place Tahrir accueille habituellement les contestataires à Sanaa. Jeudi dernier, des dizaines de milliers de partisans de l'opposition y ont manifesté pour réclamer un changement de régime, après des concessions annoncées sous la pression de la rue par le président en exercice. A Washington, le président Obama a salué les réformes au Yémen tout en appelant le régime à la retenue vis-à-vis de la contestation, traduisant la prudence des Etats-Unis face à une situation ouverte sur tous les scénarios. Les opposants au régime ont réussi le plus grand rassemblement jamais connu contre le régime de Saleh, au pouvoir depuis 32 ans. La décision de ne pas briguer un nouveau mandat à l'expiration du sien en 2013, de ne pas transmettre le pouvoir à son fils et de relancer l'appel au dialogue avec l'opposition n'a pas calmé les contestataires. Le Président lâche du lest et invite l'opposition à reprendre le dialogue pour un gouvernement d'union. Cependant, celle-ci, inspirée par la révolte en Tunisie et en Egypte, a maintenu son mot d'ordre pour la manifestation : «Nous nous sommes réunis pour faire tomber un régime corrompu et tyrannique.» «La révolte pour la justice a commencé en Tunisie. Elle se poursuit aujourd'hui en Egypte, et demain le Yémen sera débarrassé de l'injustice», clament les slogans contestataires. Des manifestations à l'appel de l'opposition se sont également déroulées dans plusieurs autres villes du Yémen. M. B.