Inspirée par la révolte en Tunisie et le mouvement de contestation en Egypte, l'opposition campe sur ses positions. En dépit des concessios faites par le chef de l'Etat, et le manifeste soutien américain aux réformes qu'il avait annoncées mercredi dernier, dont celles excluant toute velléité d'une présidence à vie et un éventuel transfert du pouvoir à son fils, la rue yéménite ne semble pas désarmer. Elle réclame la tête de Ali Abdallah Salah, au pouvoir depuis 32 ans, et rejette son appel au dialogue et à l'arrêt des manifestations. Des dizaines de milliers de partisans de l'opposition ont manifesté jeudi dans plusieurs villes du pays dont 100 000 dans la capitale Sanâa. Le caractère pacifique du mouvement de contestation populaire, soutenu par le Forum commun, une alliance de l'opposition parlementaire, n'a pas empêché les forces de l'ordre de durcir la répression. Trois personnes ont été blessées, dont l'une grièvement, dans la soirée de jeudi, dans le sud-est du Yémen : la police a tiré à balles réelles et aux gaz lacrymogènes. Même si le président Obama a appelé mercredi son homologue yéménite à la retenue. Tout en saluant, les mesures de réforme «importantes» que le président Saleh avait annoncées le même jour, le président américain a demandé que les forces yéménites fassent preuve de retenue et s'abstiennent de toute violence contre les manifestants qui exercent leurs droits d'association, de rassemblement et de liberté d'expression. Pour se défendre, le président Saleh a mis dans la rue ses propres partisans. D'où la contre-manifestation qui a été organisée par le parti au pouvoir, le Congrès populaire général (CPG), jeudi, sur la place Tahrir (Libération), où l'opposition avait prévu de manifester, contraignant les protestataires à changer le lieu de leur rassemblement. Les organisateurs de cette contre-manifestation ont clamé eux aussi avoir réuni près de 100.000 personnes. M. Saleh a invité l'opposition à annuler les manifestations et à reprendre le dialogue pour un gouvernement d'union. Inspirée par la révolte en Tunisie et le mouvement de contestation en Egypte, l'opposition campe sur ses positions.