Les entrepreneurs algériens dans le bâtiment n'arrivent pas à faire face au volume important des projets de logement lancés par le gouvernement algérien pour répondre aux attentes des citoyens. Souvent, ces bâtisseurs n'ont pas les moyens nécessaires à même de prendre en charge les projets proposés, d'où le recours aux entreprises étrangères, notamment chinoises qui sont nombreuses à prendre part à ces chantiers dont beaucoup se déclinent en tours de 15 étages. L'Union nationale des entrepreneurs en bâtiment a lancé un appel à l'adresse des pouvoirs publics pour fragmenter les projets de façon à pouvoir participer en force à leur réalisation. C'était la semaine dernière que le président M. Salim Kasemi de cette organisation professionnelle a fait part des doléances des entrepreneurs. Fragmenter les projets du bâtiment M. Salim Kasemi a signalé que les entrepreneurs algériens ont participé à hauteur de 85% dans la réalisation de 1 million de logements inscrit lors du dernier programme quinquennal 2005-2010 malgré toutes les difficultés rencontrées, et entendent apporter une bien meilleure contribution à l'avenir pour ce qui est du le nouveau quinquennat 2010-2014 qui inclut parmi ses priorités le logement sous toutes ses formules, LSP, le social et le promotionnel. «La majorité des entreprises du bâtiment sont des PME (petite et moyenne entreprise), dont le chiffre d'affaires ne dépasse pas les 100 millions de centimes ou, au mieux, les 20 milliards de centimes», a expliqué le premier responsable de l'Uneb. D'autant que «celles qui ont des qualifications de 5 à 9 ne sauraient dépasser les 400. Les autres sociétés n'ont pas atteint ces qualifications et restent classées entre 1 et 4». D'où la sollicitation des pouvoirs publics pour morceler ces projets de façon à faire bénéficier les entreprises algériennes.L'une des doléances des entrepreneurs consiste en la facilitation d'obtention des crédits bancaires. Actuellement, «les banques exigent des garanties qui découragent les plus tenaces», a expliqué M. Kasemi. Les entraves administratives sont également très nombreuses, selon notre interlocuteur. Pour traiter un dossier, il faut traîner en longueur jusqu'à six mois, alors qu'un retard d'un mois dans la réalisation peut valoir une pénalité à l'entrepreneur. Sur un autre chapitre, M. Kasemi évoque la nécessaire mise à niveau des entreprises du bâtiment pour une meilleure prise en charge des chantiers. Selon lui, cette opération doit intervenir le plus rapidement possible et prendre en charge non seulement le volet gestion, mais également octroyer des aides pour l'achat d'équipement du bâtiment. Mieux encore, notre interlocuteur n'a pas manqué de critiquer cette opération telle qu'elle est menée actuellement car inspirée de l'expérience européenne en la matiè; elle n'est donc pas adaptée au vécu des entreprises algériennes. L'Uneb propose d'établir un diagnostic exhaustif des entreprises du bâtiment pour mettre un plan de mise à niveau à même de répondre aux objectifs visés. Professionnaliser davantage les entrepreneurs A la question de savoir pourquoi aller à l'encontre des appels lancés par le premier responsable de l'habitats, M. Noureddine Moussa, de se constituer en groupements pour faire face au défi de la construction de logements, le représentant des entrepreneurs nous dira simplement que la mesure proposée par le ministre est importante mais qu'avant d'y parvenir, il faudrait convaincre les bâtisseurs et changer d'abord les mentalités. Un travail de sensibilisation s'impose si l'on veut aller dans cette voie et atteindre un professionnalisme sans faille. Aujourd'hui, les entreprises du bâtiment sont familiales comme dans la majorité des autres secteurs, confie notre interlocuteur ajoutant la nécessité de s'ouvrir à l'international.Le président de l'Uneb n'a pas manqué de relever le caractère urgent de la mise en place d'un statut de l'entrepreneur pour le protéger et protéger la profession. M. Gasemi a réitéré l'engagement de son organisation à accompagner les efforts soutenus de l'Etat pour mener à bien les chantiers de bâtiment inscrits dans le cadre du programme quinquennal 2010-2014, précisant que si 2010 était l'année des études, 2011 sera celle de la réalisation. Et d'attirer l'attention des pouvoirs publics sur le fait que l'acte de bâtir est un art et que toute pression sur les entrepreneurs peut engendrer des projets très mal faits. Il faut savoir que le nombre des travailleurs du secteur du bâtiment dépasse les 1 200 000. B. A.