De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Des dépenses à n'en plus finir. C'est ce qui attend les Algériens en ce mois de septembre pendant lequel ils devront encore assumer deux semaines de Ramadhan, la rentrée scolaire et la fête de l'Aïd. Pour une famille moyenne de cinq personnes par exemple, cela équivaut à 35 000-40 000 DA : 15 000 dinars pour ce qui reste du mois de jeûne avec les prix pratiqués dans les marchés de fruits et légumes et 20 à 25 000 DA pour l'achat combiné des fournitures scolaires et des articles vestimentaires qui, pour la majorité, serviront pour la rentrée scolaire et la fête religieuse. «Je me bats chaque jour pour ne pas dépasser le budget, affirme une femme au foyer, mère de trois enfants. A cause des prix pratiqués dans les marchés, les mets que je prépare à ma famille ne sont pas très élaborés et ne correspondent plus vraiment à ce que nous avions l'habitude de consommer il y a quelques années pendant le Ramadhan. Et maintenant, nous devons nous atteler à l'achat des articles scolaires et des vêtements, ce qui nous contraints à de lourdes dépenses alors que nous avons seulement deux enfants scolarisés.» Et pourtant, cette mère de famille qui reconnaît volontiers que le salaire de son mari n'a jamais suffi à joindre les deux bouts, considère qu'elle a beaucoup de chance. «Quand je vois que des familles plus nombreuses s'échinent à vivre avec un seul salaire, que d'autres vivotent d'expédients et de petites combines, que de plus en plus de miséreux en arrivent à fouiller dans les monceaux d'ordures des marchés…, je me dis que j'ai beaucoup de chance même si je sais qu'une gestion plus réfléchie et plus rationnelle du pays nous aurait certainement permis de vivre plus décemment», termine-t elle avec une note d'amertume dans la voix. Alors qu'il ne reste que quelques jours pour la rentrée scolaire, c'est une véritable marée humaine qui s'abat sur le marché de M'dina J'dida où, tout le monde le sait, les prix sont nettement moins élevés qu'ailleurs même si la qualité de la marchandise laisse toujours à désirer. Lorsqu'on s'habille à petit prix, cela veut dire que les vêtements ne tiendront que quelques semaines ou quelques mois. «La mercuriale de M'dina J'dida contente beaucoup de monde parce qu'elle permet de s'habiller pour pas très cher, convient, Kader, un habitué des lieux. Mais il vrai que lorsque tu achètes des chaussures à 600 ou 700 DA, il faut s'attendre à ce qu'elles ne fassent pas long feu. Les produits vrais sont inabordables, et il ne reste donc plus que la contrefaçon.» C'est ainsi qu'il y a beaucoup plus de consommateurs dans les marchés de M'dina J'dida, d'El Hamri et dans les milliers de friperies qui ont fleuri ces dernières années à Oran que dans les magasins d'habillement où l'on considère que les prix sont assez élevés pour une marchandise de mauvaise qualité. «Cela fait des années que j'habille mes enfants à partir de la friperie, explique une mère de famille. Quand on prend le temps de regarder et de négocier, on peut trouver de bonnes affaires pour pas très cher.» Des marchandises de qualité ? «Oui, pas neuves mais de bonne facture et qui durent plus longtemps que des marchandises acquises dans des magasins.» Après la saignée du Ramadhan (qui continue malgré tout ce qu'on a pu dire et promettre), et pour pouvoir assurer une rentrée scolaire «pas trop humiliante» pour des enfants un peu trop sourcilleux sur la qualité et la beauté de leurs vêtements et articles scolaires, la majorité des familles algériennes doivent ainsi multiplier leurs sources et ressources. Quitte, pour certaines, à s'endetter pour le reste de l'année…