De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani Comme nous l'avions rapporté dans nos précédentes éditions, la situation à Annaba reste tendue. Il ne se passe pas un jour sans qu'il y ait protestation, rassemblement, grève ou tentative de suicide collectif. Ainsi, en dehors des actions et des manifestations des jeunes chômeurs dans les principales agglomérations de la wilaya de Annaba, El Hadjar, Sidi Amar et Berrahal, où des mouvements de citoyens ont eu lieu sans heurts, c'est au tour de l'université de connaître une tension et un activisme qui pourraient conduire à des protestations en dehors de l'enceinte de cette institution de l'enseignement supérieur. Des individus, qui se disent membres du comité national pour le changement, ont distribué des tracts hier et avant-hier au niveau des facultés et instituts de l'université, appelant à une marche pour le 12 du mois en cours. Ledit tract met en avant des revendications ayant trait à la situation sociale, d'une manière générale, pour exiger des autorités en place des solutions immédiates pour le chômage et le logement. L'autre volet de ces revendications porte sur les libertés individuelles et collectives dont on dénonce les restrictions, tout en demandant leur restauration. La marche doit, selon le tract, avoir lieu ; une marche pacifique et citoyenne pour faire entendre aux gouvernants la voix du peuple. Ces tracts, qui ne sont pas limités à l'université, ont investi la rue puisqu'ils ont été dupliqués et distribués dans les quartiers populaires pour toucher le plus grand nombre. Les services de sécurité, qui ont eu vent de ces appels à la marche, ont bien tenté d'en identifier les instigateurs. Mais l'objectif de ces activistes a été atteint puisque maintenant toute la population de Annaba est au courant de cet appel. Un autre appel a été diffusé via Internet, dans lequel on appelle à un regroupement à 9 heures sur le cours de la Révolution le 12 février, avant d'entamer la marche prévue. La réaction de la rue à Annaba diffère d'une personne à une autre ; certains, et ils sont beaucoup, y souscrivent, surtout les jeunes chômeurs, pendant que d'autres n'y prêtent pas attention, mais le sentiment le plus répandu est celui de la peur. Tout le monde a peur que cette marche ne dégénère et qu'il y ait des débordements aux conséquences que tout le monde appréhende.