La situation sécuritaire tend à se durcir dans le Sud-Soudan. L'entité territoriale, dont la population vient d'opter à l'unanimité pour l'indépendance du Nord, pâtit d'une instabilité due à la présence de plusieurs groupes rebelles refusant l'allégeance à l'armée du Sud. Les combats survenus cette semaine entre l'armée du Sud-Soudan et des rebelles dans la région de Jonglei, dans le Sud-Soudan, ont fait 105 morts, dont 39 civils. Les accrochages entre l'armée sudiste et les rebelles, d'habitude de moindre intensité, se font plus prononcés. «Trente-neuf civils ont été tués, dont des femmes et des enfants, et soixante-cinq blessés», a déclaré Philip Aguer, porte-parole de l'Armée populaire de libération du Soudan (SPLA), les ex-rebelles, aujourd'hui à la tête de l'armée de la région semi-autonome du Sud-Soudan. Du côté de l'armée et de la police, les pertes s'élèvent à vingt morts, tués dans la ville de Fangak, et trente blessés. «Trente hommes d'Athor ont été tués», a poursuivi Aguer, en référence au dirigeant présumé des rebelles, George Athor. Cet ancien haut gradé de la SPLA est entré en rébellion après avoir perdu les élections d'avril pour le poste de gouverneur de l'Etat de Jonglei. George Athor, rebelle de la première heure dans l'Armée populaire de libération du Soudan, avait été promu général après les accords de paix de 2005, puis après avoir échoué à se faire élire, il prend le maquis. Malgré un cessez-le-feu signé le 5 janvier entre ces rebelles et la SPLA, des combats ont éclaté mercredi et jeudi derniers entre les deux parties, selon la SPLA qui avait fait état, jeudi, de seize morts. Les affrontements entre partisans de George Athor et l'armée sudiste ont déjà fait des dizaines de morts dans l'Etat de Jonglei depuis les élections d'avril. Les responsables sudistes reprochaient à Athor d'être un supplétif du pouvoir central à Khartoum visant à déstabiliser le Sud-Soudan à l'approche du très important référendum d'autodétermination. Ils l'accusent désormais d'avoir profité du cessez-le feu pour recruter de nouveaux hommes et tenter de déstabiliser l'Etat naissant. George Athor accuse de son côté la SPLA d'avoir lancé les hostilités dans le but de répandre son contrôle sur tout le territoire. Ces attaques surviennent peu après le très remarqué référendum du Sud-Soudan, qui s'est tenu du 9 au 15 janvier. Avec 98,83% des voix pour le oui, la région doit devenir officiellement un Etat indépendant d'ici juillet. Le Sud-Soudan deviendra le 54e Etat d'Afrique chambardant une région déjà fragilisée par la guerre et la famine. A la lumière du durcissement de la situation sécuritaire dans le Sud-Soudan, renforcer la sécurité dans ce nouvel Etat constituera un des principaux défis pour le gouvernement du Sud. M. B.