Photo : M. Hacène De notre correspondant à Bouira Nacer Bouira La précarité et le chômage sont devenus, ces derniers mois, les maîtres mots dans les requêtes exprimées par la population au niveau de la région. Chaque jour, les plaintes des citoyens, notamment des jeunes diplômés ou de ceux ayant quitté l'école sans une perspective d'insertion dans la société, sont de plus en plus nombreuses et remettent en cause les discours rassurants et triomphalistes des responsables locaux. En même temps, une panoplie des dispositifs mis en place sont discrédités aux yeux des milliers d'élèves et des étudiants qui s'inquiètent, redoutant de se retrouver à la rue, sans travail ni avenir, une fois les études terminées. En dépit de ses multiples richesses, ses potentialités et les opportunités d'investissement qu'elle recèle, la wilaya de Bouira demeure loin d'offrir la possibilité d'un emploi décent à tous ses citoyens. Pour les jeunes fraîchement diplômés des universités et des instituts de formation, l'unique espoir est de trouver une place dans une administration ou dans un établissement scolaire comme contractuel ou dans le cadre du pré-emploi. Rares sont ceux qui accèdent rapidement à un poste de travail permanent dans les différents organismes, sans avoir recours à des interventions ou d'affronter la bureaucratie, et ce, depuis le dépôt de dossier à l'Anem (Agence nationale de l'emploi), jusqu'à la signature du PV d'installation. Avec des rémunérations dérisoires, pour un travail à plein temps, des jeunes diplômés subissent souvent de nouvelles formes d'exploitation. Par ailleurs, les différents dispositifs de soutien à l'investissement (créateurs de biens et d'emplois) et les projets publics lancés ces dernières années, qui sont censés absorber le chômage dans la région, n'ont pas abouti à des résultats probants. Le nombre des demandeurs d'emploi ne cesse de croître. Certains parmi les bénéficiaires du dispositif CID (contrat d'insertion des diplômés) regrettent d'avoir accepté ces contrats. Après avoir cru et espéré une véritable insertion dans le monde du travail, ils ont été déçus. A l'instar de ce jeune licencié en marketing : «Les salaires sont minables comparativement au travail que nous effectuons et n'offrent aucune possibilité de vie décente». Par ailleurs, ces contrats les empêchent de prétendre à la création d'une microentreprise ou de bénéficier d'un autre dispositif tel que l'Ansej, le CNAC, et l'Angem. Pour pouvoir prétendre à ces dispositifs, les différents organismes exigent une radiation des fichiers de la Cnas (Caisse d'assurance). Face à ces situations de blocage, les quelques jeunes que nous avons approchés affirment que les dernières mesures d'emploi prises par l'Etat sont insuffisantes. Selon eux, il faut lever toutes les barrières qui empêchent les jeunes sans ressources d'aller loin dans leurs projets. Du côté des élus locaux, la lutte contre le chômage «ne peut être basée sur le populisme des mesures inopérantes, ni sur la prétention d'aide sociale, mais plutôt sur la création de richesses, seul moyen de juguler le mal et de susciter de l'espoir chez les jeunes».