Pas moins d'une dizaine de personnes ont trouvé la mort en dix jours de manifestations au Yémen où un étudiant a été tué à Sanaa. Il s'agit de la première victime dans la capitale de ce Des témoins ont affirmé que la police a tiré à balles réelles pour disperser la foule, mais la situatiopays de 23 millions d'habitants et l'un des plus pauvres de la péninsule Arabique.n s'est encore aggravée avec la présence des manifestants pro-gouvernementaux qui sont entrés en scène pour contrecarrer ce mouvement de révolte, ont rapporté les médias. Les manifestants pro-régime ont tenté d'accéder à l'université d'où allaient sortir des étudiants pour manifester dans la rue. Les étudiants se sont défendus avec des jets de pierres. Ce face-à-face a fait de nombreux blessés dans les deux camps, mais aucune source n'était capable de fournir un bilan précis en raison de la violence des affrontements. Mais les étudiants ont pu sortir par plusieurs milliers pour demander le départ du président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis trente-deux ans. Les manifestants avaient défilé de l'université au ministère de la Justice, en scandant : «Le peuple veut la chute du régime.» Des policiers des unités antiémeute, appuyés par des éléments en civil, ont ensuite attaqué les manifestants, a rapporté Associated Press (AP). L'éclatement des manifestations dans la capitale Sanaa, jusque-là épargnée par les violences, serait à l'origine de la désertion par la police et l'armée d'Aden, livrant la ville aux pilleurs et à la destruction de la part de groupes d'hommes, ont affirmé des témoins sur place. Le 2 février dernier, M. Saleh s'était solennellement engagé à ne pas se présenter à la prochaine présidentielle qui aura lieu en 2013. Son discours n'a pas réussi à calmer les esprits puisque huit jours plus tard (10 février), plus de 20 000 personnes ont défilé dans les rues d'Aden (sud) pour son départ immédiat. Les opposants à son régime ont organisé une «journée de la colère» qui s'était soldée par une sanglante répression. Un bilan de trois morts a été enregistré, et depuis il n'a cessé d'augmenter. Il risque de s'alourdir parce qu'il semble que l'opposition est décidée à aller jusqu'au bout de son action. Inspirés par la révolté tunisienne et égyptienne, les Yéménites sont déterminés à renverser le très contesté régime de Ali Abdellah Saleh. Les journalistes ont été également pris à partie par les partisans du Président, a-t-on encore ajouté. «Ces attaques sont délibérées et sont le fait du Congrès populaire général [CPG, parti au pouvoir]», a dénoncé le syndicat des journalistes locaux. «Le président Saleh est responsable de ces attaques», ont-ils dit, appelant à «l'arrêt de ces agressions et au retrait des casseurs des rues de Sanaa». En dépit des agissements des partisans du régime, les manifestations se sont poursuivies hier. Au rythme où vont les choses, la contestation n'est pas près de s'arrêter. «Les agissements des casseurs du CPG ne nous dissuaderont pas de continuer notre révolution pacifique», a affirmé le syndicat des étudiants de l'université de Sanaa, repris par les agences de presse. Les partis de l'opposition, qui avaient accepté la reprise du dialogue avec le gouvernement, ont dénoncé les agressions commises par les services de sécurité et les milices du régime. Dans un communiqué, le Forum commun, coalition des partis d'opposition, a dénoncé le «massacre sanglant» commis à Aden et la «répression hystérique par les forces de sécurité des manifestations pacifiques», a rapporté le quotidien français Le Monde. Le Forum commun a réclamé «le limogeage immédiat des responsables politiques et de la sécurité impliqués dans ces crimes». L. M.