Plus de six personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées dans des heurts au Yémen, notamment à Taez, au sud du pays, où les manifestants ne décolèrent pas. Hier, au huitième jour de la contestation, ils étaient des dizaines de milliers de Yéménites à descendre dans les rues pour protester contre le pouvoir en place sous la direction d'Ali Abdallah Saleh. A Taez, au sud de la capitale, deux personnes ont été tuées et 27 autres blessées hier lorsque des inconnus ont lancé une grenade sur des milliers de manifestants. «Nous avons vu une voiture de fonction s'approcher et lancer la grenade, avant que ses occupants tirent des coups de feu en l'air», selon un témoin. Toujours au sud du pays, à Aden, principale ville de cette région, trois manifestants anti-gouvernementaux ont été tués et plusieurs dizaines blessés dans une fusillade, rapporte la chaîne de télévision Al Jazeera. La veille, trois personnes avaient également trouvé la mort, lorsque les forces de sécurité avaient dispersé la foule en lui tirant dessus à balles réelles. Dans la nuit, des violences avaient éclaté dans le port d'Aden, deuxième ville du pays, où des protestataires ont incendié un bâtiment municipal et un manifestant a été abattu par la police, selon des responsables locaux. Les organisateurs du mouvement avaient appelé sur les réseaux sociaux sur internet à un «vendredi de colère» après la prière du vendredi. Dans les principales villes du pays, Sanaa, la capitale, Taez et Aden, des milliers de personnes ont répondu à cet appel en descendant dans les rues. A Sanaa, nombre de manifestants étaient rassemblés pour la prière à la mosquée de l'université. «Nous vivons depuis 30 ans sans but ni espoir», a dénoncé celui qui prononçait le prêche. Les foules ont ensuite pris la direction du palais présidentiel en scandant des slogans hostiles au gouvernement, malgré les tentatives de la police antiémeute pour leur barrer le passage. Ailleurs dans la capitale, les partisans du chef de l'Etat avaient organisé leurs propres rassemblements. Des accrochages ont eu lieu ces derniers jours entre les deux groupes. A Aden, les heurts ont opposé la police aux manifestants tôt vendredi matin. Un bâtiment municipal a été incendié et au moins un homme tué par balle, selon le secrétaire général d'un conseil municipal de quartier, Omar Nasser. Dans la journée, des milliers de manifestants ont ensuite défilé dans la ville portuaire. Les manifestations au Yémen sont entrées vendredi dans leur deuxième semaine. Inspirés par les mouvements de contestation en Tunisie et en Egypte, les protestataires réclament le départ du président Saleh au pouvoir depuis 32 ans. Face à cette vague de protestation, les partisans du régime ont violemment attaqué à coups de matraques, de haches et de bâtons les manifestants. Le président Saleh a réuni les plus hauts gradés de l'armée mercredi soir pour discuter des troubles. Le chef de l'Etat yéménite, au pouvoir depuis 32 ans, a tenté sans succès de désamorcer la contestation en promettant de ne pas briguer un nouveau mandat en 2013 et de ne pas se faire succéder par son fils.