Photo : Riad Par Samir Azzoug Un important service d'ordre s'est déployé hier autour de la place du 1er-Mai à Alger pour empêcher une seconde tentative de marche à laquelle avait appelé la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD). Même si le dispositif policier semblait moins important que celui mis en place le 12 février, surtout en nombre de véhicules déployés, la manifestation a tourné court. Plusieurs centaines de policiers ont occupé les points névralgiques de la place du 1er-Mai. Des agents étaient disposés, en se tenant la main, autour du rond-point qui fait face à l'hôpital Mustapha, comme celui près des arrêts de bus. Face à la station d'essence, des barrières métalliques et autres humaines dirigeaient les passants de manière a éviter leur rapprochement avec les manifestants. Et ce scénario s'est répété sur tous les trajets qui mènent aux marcheurs. A la rue Belouizdad, tout au long des arcades, les policiers étaient disposés de manière à délimiter la route faisant face aux magasins en invitant les passants à circuler. Très détendus, ces policiers qui ne portaient ni armes ni matraques semblaient répondre à des instructions qui les rendaient presque «affables». Sans animosité, mais avec fermeté, ils incitaient les curieux à se déplacer toujours plus loin. De temps à autre, sous les arcades, des vagues bleues, couleur de l'uniforme, brassaient les trottoirs pour les décongestionner. Sur les rues qui mènent à la place du 1er-Mai, les forces antiémeute avec leur attirail classique, casques, genouillères, boucliers et matraques formaient un mur humain pour empêcher le passage vers les manifestants. Un véritable labyrinthe mobile rendait le déplacement des riverains d'un endroit à un autre problématique. Ce qui suscita l'irritation de certains résidants du Champ-de-manœuvre. S'agissant de la gestion de la manifestation, la disproportion numéraire flagrante entre les tuniques bleues et les manifestants a fait que des dizaines de policiers semblaient s'ennuyer. Le premier rassemblement des marcheurs a été happé par la police antiémeute qui l'encadre rapidement. En chargeant, le dispositif fait reculer les manifestants en les faisant tourner en rond dans un circuit fermé. Au plus chaud de l'action, les services d'ordre ont dû intervenir pour servir de tampon entre les manifestants et les dizaines de jeunes des quartiers avoisinants qui scandaient des slogans pro-Bouteflika. Le clash évité, les policiers reprennent le manège qui consiste à séparer les manifestants en les repoussant toujours plus loin dans le circuit fermé. Jusqu'à épuisement. Ce qui était remarquable pour les forces de l'ordre, c'est d'abord la quasi-absence d'armes à feu. Le plus gros des troupes ne portaient pas de matraques sauf pour les brigades antiémeute. Les agents désarmés s'occupaient de disperser les curieux avec des gestes et un langage généralement corrects. Il est toutefois important de signaler que ces mêmes forces de l'ordre qui, à l'évidence, ont strictement respecté ce qui semble être des directives quant au traitement des citoyens et journalistes, ont empêché le déroulement d'une marche qui se voulait pacifique. Même dans la «douceur», la réaction des services d'ordre reste oppressive. La meilleure des réponses sécuritaires aurait été peut-être de laisser les marcheurs accomplir leur action et permettre ainsi de mesurer réellement la force de mobilisation de ceux qui appellent à manifester. A signaler qu'une personne a été blessée et hospitalisée lors d'un des face-à-face entre les manifestants et les forces de l'ordre.